La vaccination a permis de sauver, au cours des cinquante dernières années, 154 millions de vies dans le monde (essentiellement des nourrissons). En ce qui concerne le Covid- 19, les estimations indiquent qu’elle a sauvé de l’ordre de 20 millions de vies.La recherche en vaccinologie ces dernières années a conduit au développement de huit types de vaccination : vaccins vivants atténués, à partir de microbes inactivés, à partir de toxines inactivées, fondés sur les protéines recombinantes, sur l’ARN messager, sur l’ADN, sur des vecteurs recombinants et reposant sur des conjugués de polysaccharides.Les défis sociétaux de la vaccinologie sont au nombre de cinq :- Comment obtenir une immunité à vie ?- Comment induire efficacement une immunité locale, en particulier pour les maladies respiratoires (grippe, Covid- 19), afin de prévenir l’infection et la transmission ?- Comment développer des vaccins universels pour les virus présentant de nombreux variants ?- Comment développer des vaccins pour les maladies pour lesquelles il n’en existe pas (VIH, parasitoses, bactéries antibiorésistantes ?- Comment améliorer l’acceptabilité, l’accessibilité des vaccins ?Les mouvements antivaccination sont consubstantiels à la vaccination. Plusieurs allégations ont joué un rôle important dans ce cadre : lien supposé entre le vaccin contre le virus de l’hépatite B (HPV) et la sclérose en plaques, allégations sur la toxicité des sels d’aluminium, association syncope et vaccin HPV (association et non causalité !) qui a entraîné la suspension de cette vaccination au Japon. Ces événements sont survenus dans un contexte d’explosion des médias sociaux qui donnent une chambre d’écho majeure à ces mouvements.Une étude récente suggère une fatigabilité à l’égard de la vaccination. Dans 23 pays, à la question « Seriez-vous prêts à être vaccinés en cas de nouvelle pandémie ? », la réponse positive est de 67 %, mais seulement de 48 % en France. Tous les soignants jouent un rôle essentiel pour informer, répondre aux questions et accroître la confiance des Français. Il faut améliorer cette confiance voire, dans certaines situations, aller au-delà. C’est l’exemple du Covid- 19 et du pass sanitaire qui a entraîné un rebond de la vaccination. Les estimations indiquent que l’obligation partielle a permis la vaccination de 5 millions de personnes. L’obligation vaccinale contre les onze valences recommandées chez l’enfant a également montré son efficacité. Dans certaines situations, l’intérêt collectif peut prévaloir sur la perception de l’intérêt individuel, notamment en ce qui concerne les professionnels de santé. L’obligation pour les professionnels de santé d’être vaccinés contre l’hépatite B ou le Sars-CoV- 2 a permis d’augmenter leur couverture vaccinale de 80 % à 95 %.Enfin se pose le problème de l’accessibilité. Le niveau socio-économique et la couverture vaccinale sont liés ; ce lien reflète d’autres inégalités en matière de santé et doit être combattu.
Alain Fischer, immunologie, hôpital Necker-Enfants malades, Inserm, institut Imagine, Collège de France, Paris, France
8 octobre 2024