L’ANSM a mis à jour ses recommandations de prescription et de surveillance vis-à-vis des patientes prenant ce progestatif (et d’autres apparentés), après qu’une nouvelle étude d’Épiphare a montré son association avec un faible sur-risque de méningiome.

Des études de pharmacoépidémiologie conduites par Épiphare ces dernières années ont montré une association entre l’utilisation de certains progestatifs et un sur-risque de méningiome : acétate de cyprotérone (Androcur), de chlormadinone (Lutéran), de nomégestrol (Lutényl) et de médroxyprogestérone (Depo Provera), promégestone (Surgestone) et médrogestone (Colprone).

Quelles sont les nouvelles données ?

Une étude publiée le 19 décembre 2024 a évalué le risque de méningiome chez les femmes exposées à d’autres progestatifs contraceptifs oraux : le désogestrel (75 µg), le lévonorgestrel (30 µg) et la combinaison lévonorgestrel-éthinylestradiol (50 - 150 µg).

Il s’agissait d’une étude cas-témoins s’appuyant sur le SNDS (Système national des données de santé) et incluant 8 391 femmes opérées d’un méningiome intracrânien entre 2020 et 2023 en France :

  • les données n’ont pas montré de sur-risque de méningiome associé à l’utilisation du lévonorgestrel seul ou combiné à l’éthinylestradiol, quelles que soient les durées d’exposition ;
  • mais elles mettent en évidence une augmentation très faible du risque de méningiome associé à l’utilisation du désogestrel seul, lors d’une utilisation prolongée (≥ 5 ans) chez les femmes de plus de 45 ans. Ce risque augmente avec la durée d’utilisation et est multiplié par 2 au-delà de 7 ans d’exposition. Il est cependant très inférieur à celui observé avec la prise d’Androcur, Lutéran ou Lutényl. L’utilisation inférieure à 1 an n’était pas associée à un sur-risque, sauf pour les femmes ayant utilisant précédemment d’autres progestatifs à risque.

L’étude estime qu’en moyenne un cas de méningiome intracrânien opéré est observé pour 67 000 femmes exposées au désogestrel quelle que soit la durée d’exposition, et un cas pour 17 000 femmes exposées plus de 5 ans.

Médicaments concernés par ces nouvelles recommandations

À la lumière de ces résultats, l’ANSM a émis de recommandations fin 2024 sur l’utilisation des contraceptifs oraux à base de désogestrel (Antigone, Optimizette, Cérazette, Elfasette et Désogestrel 75 µg) et la surveillance des femmes exposées. 

En mars 2025, elles a étendu ces mesures aux pilules combinées à base de désogestrel 150 µg-éthinylestradiol et à l’implant contraceptif à l’étonorgestrel (Nexplanon). Bien que l’étude d’Épiphare n’ait pas concerné directement ces médicaments, l’ANSM a estimé prudent de les inclure dans ces recommandations, compte tenu de leur composition et par mesure de précaution : dans le premier cas, car ces pilules combinées sont doublement dosées en désogestrel ; dans le second, car l’implant contient un dérivé actif du désogestrel.

Recommandations pour les professionnels de santé

Recommandations générales

En cas d’antécédent de méningiome ou de méningiome existant, une contraception progestative ou un traitement progestatif ne doivent plus être utilisés.

Avant toute prescription ou changement de contraception progestative, vérifier les traitements antérieurs par progestatifs et leur durée d’utilisation. Évaluer avec la patiente la contraception la plus adaptée à sa situation au regard de ces informations.

Revoir annuellement la méthode contraceptive au regard de l’âge de la patiente, de son mode de vie et de ses antécédents. 

Lors de cette réévaluation, chez des femmes de plus de 45 ans ou en cas d'utilisation prolongée de plus de 5 ans d’une contraception à base de désogestrel :

  • informer les patientes de la très faible augmentation du risque de méningiome associée à ce contraceptif ;
  • réévaluer la pertinence du maintien d’une contraception par désogestrel compte tenu du risque de méningiome et éviter de prescrire des associations estroprogestatives en relais, au regard du risque de thrombo-embolie veineuse ou artérielle associé.

Le désogestrel ne doit pas être utilisé comme traitement hormonal de la ménopause ; il a une AMM dans la contraception uniquement.

Suivi des femmes sous désogestrel 

L’IRM cérébrale systématique n’est pas recommandée pour les femmes sous désogestrel car le risque de méningiome est très faible (à la différence des progestatifs à risque important : Lutéran, Androcur, Lutényl, Colprone, Depo Provera).

Réaliser une IRM dans les cas suivants :

  • à l’instauration du traitement par désogestrel, en cas d’exposition antérieure de plus de 1 an à un ou plusieurs progestatifs à risque, conformément aux recommandations d’octobre 2023.
  • en cas de signes évocateurs de méningiome : maux de tête persistants, troubles visuels, faiblesse musculaire, troubles de l’équilibre, troubles du langage, perte de mémoire, épilepsie nouvelle ou aggravée.

En cas de découverte d’un méningiome chez une patiente sous désogestrel, arrêter le traitement et orienter systématiquement vers un neurochirurgien.

Encadre

Que dire à vos patientes ?

Le risque de méningiome associé au désogestrel est très faible et concerne les femmes de plus de 45 ans, ou prenant ce contraceptif depuis plus de cinq ans.

Si vous prenez une contraception à base de désogestrel, une pilule combinée à base de désogestrel 150 µg-éthinylestradiol ou vous avez un implant contraceptif Nexplanon :

  • n’arrêtez pas votre contraception sans l’avis d’un professionnel de santé car il existe un risque de grossesse non désirée ;
  • si vous avez des symptômes comme maux de tête fréquents, des troubles de la vision, une faiblesse dans les bras ou les jambes, une paralysie, des troubles du langage ou de l’audition, des troubles de l’odorat, des convulsions, des troubles de la mémoire, des vertiges, consultez votre médecin, gynécologue ou sage-femme : une IRM pourra vous être proposée par mesure de précaution.
  • en cas de découverte d’un méningiome, le traitement devra être arrêté en concertation avec votre médecin ou sage-femme. Un avis neurochirurgical est également requis.

En cas d’antécédent de méningiome ou de méningiome existant, une contraception progestative ou un traitement progestatif ne doivent plus être utilisés.

Informez votre médecin, sage-femme de la prise de traitements progestatifs par le passé.

La contraception peut évoluer tout au long de votre vie et doit être adaptée à vos besoins et votre état de santé. Il est donc important de réévaluer avec votre prescripteur l’intérêt de la poursuite ou de la modification de votre contraception tous les ans jusqu’à l’âge de la ménopause.

Après la ménopause, une contraception ne doit plus être prescrite. Le désogestrel n’est pas un traitement hormonal de la ménopause.

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