La poliomyélite est un exemple typique de myélite aiguë flasque, sous-groupe des paralysies aiguës flasques qui désignent toutes les formes de déficiences paralytiques aiguës quelle qu’en soit la cause.Le virus de la polio ne peut se développer que chez l’homme, ce qui peut laisser espérer son éradication comme pour la variole. Mais le combat est plus difficile : d’une part, parce qu’il survit plusieurs mois dans l’environnement et, d’autre part, une grande fréquence des formes asymptomatiques rend complexe l’identification des foyers résiduels de transmission. De plus, il existe des refus de vaccination et on assiste à l’émergence de poliovirus dérivés du vaccin oral. Il s’agit d’un effet inattendu de celui-ci : les virus atténués sont relâchés avec les selles dans l’environnement et un nombre faible mais suffisant retrouve sa neurovirulence et sa transmissibilité. Deux processus peuvent expliquer ces faits : soit une dérive génétique par accumulation de mutations, favorisée par une circulation dans une population peu immunisée ; soit un événement de recombinaison survenant en cas de co-infection avec un autre entérovirus, la réplication des deux virus dans une même cellule entraînant l’émergence d’un virus chimérique ayant hérité des séquences génétiques de ces deux virus. Il faut aussi mentionner le risque de diffusion chez les immunodéprimés qui excrètent le virus vaccinal durant de nombreuses semaines, voire mois. Le risque de reprise de foyers épidémiques au niveau mondial n’est donc pas nul. L’Organisation mondiale de la santé prévoit le renforcement des campagnes d’information et de vaccination, avec une adaptation des vaccins.
Alain Yelnik, médecine physique et réadaptation, Paris, et Daniel Levy-Bruhl, épidémiologiste, Paris, France
15 octobre 2024