Risque tératogène des traitements des MICI : nouvelles données françaises

Les anti-TNF et les thiopurines – des médicaments utilisés dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) – sont couramment prescrits aux femmes enceintes atteintes de ces pathologies afin d’éviter les poussées, qui sont associées à un sur-risque de complications pendant la grossesse.

L’exposition in utero à ces molécules a été associée, dans des études sur animaux, à un risque tératogène, mais ce risque n’est pas retrouvé dans celles réalisées chez des humains. Ces dernières ont cependant évalué des cohortes de moins de 1 000 enfants exposés.

Une nouvelle étude d’Épiphare a investigué le lien entre la prise de ces médicaments pendant la grossesse et le risque de malformations congénitales majeures sur près de 12 000 enfants exposés.

Les chercheurs ont utilisé le registre national EPI-MERES, qui consigne toutes les naissances en France depuis 2010. Ils ont identifié toutes les naissances à plus de 22 semaines de grossesse chez les mères atteintes de MICI en France entre avril 2010 et décembre 2021. Après exclusion de celles exposées à des médicaments ou infections dont l’effet tératogène est établi, près de 40 000 grossesses ont été incluses dans l’analyse. Parmi elles, 5 223 ont été exposées à des thiopurines au 1^er trimestre et 6 528 à des anti-TNF ; le reste n’ont été exposées à aucun des deux médicaments.

Les risques de survenue de 75 malformations congénitales majeures ont été comparés entre ces groupes, en tenant compte des caractéristiques de la mère (comorbidités, niveau socioéconomique…) et de la grossesse (année, sexe du fœtus, type d’accouchement…) à l’aide d’une pondération par score de propension. La prévalence de ces malformations était de 175/10 000 parmi les naissances non exposées, 197/10 000 parmi celles exposées aux thiopurines et 204/10 000 parmi celles exposées aux anti-TNF.

Les analyses principales et de sensibilité n’ont pas décelé de sur-risque tératogène associé à l’exposition aux thiopurines pour les 75 malformations étudiées, ni aux anti-TNF pour 74 des malformations. L’exposition à ces derniers médicaments a cependant été associée à un risque accru de pied bot varus équin (aRR = 2,17 avec IC95 % : 1,04 - 4,53 dans l’analyse principale ; aRR compris entre 2,15 et 2,40 dans les analyses de sensibilité).