Un patient de 58 ans, militaire, est vu aux urgences pour une douleur du bras gauche survenue brutalement lors d’une séance de sport de combat, précisément lors d’un mouvement de flexion contre opposition et en écrasement. La musculature exceptionnelle de ce patient ne laisse guère place au doute dès le retrait de sa veste : il a un « signe de Popeye » massif, pathognomonique de la rupture distale du biceps brachial (fig. 1 et 2). 
La radiographie – à réaliser systématiquement pour rechercher un éventuel arrachement de la tubérosité radiale –, bien que normale sur le plan osseux, montre de façon encore plus évidente la rétraction du biceps (fig. 3).  
Texte

Le biceps brachial est un muscle fléchisseur de l’avant-­bras – comme le brachial antérieur. Il est le principal supi­nateur, particulièrement lorsque le coude est en flexion.1 La rupture de sa partie distale est rare.2 Elle survient majo­ritairement chez des hommes âgés de 40 à 50 ans, dans un mécanisme de flexion contrariée : manutention d’objets lourds, extension par un adversaire lors d’un sport de contact ou lever d’un poids en musculation...

Cliniquement, elle se manifeste par une douleur aiguë au niveau de la face antérieure du coude, parfois accompagnée d’un bruit de claquement. Une déformation du biceps sous forme de rétraction proximale peut s’observer, de façon toutefois inconstante selon l’importance de la rétraction et de la musculature ; c’est le « signe de Popeye » (fig. 1 et 2). La perte de force en flexion est moins marquée qu’en supination car compensée par le brachial antérieur. La supination contrariée est souvent douloureuse.3 La présence d’un hématome est incons­tante. Le tendon du biceps brachial n’est plus palpable au pli du coude (test de Hook).

Concernant les examens complémentaires, la réalisation d’une radiographie doit être systématique, à la recherche d’un rare arrachement de la tubérosité radiale. L’IRM n’est pas nécessaire dans les formes précoces, excepté lorsque la rétraction tendineuse est absente ; elle est essentiellement indiquée en cas de doute. Cette situation n’est pas exceptionnelle, le diagnostic étant souvent fait avec retard chez des patients initialement rassurés par la conservation de la fonction, en particulier de la flexion.3 

Un traitement conservateur est parfois proposé chez le sujet âgé peu sportif. Le traitement chirurgical est préféré pour les sportifs en raison d’un important déficit de force en supination.3 La rééducation peut être débutée quelques jours après l’opération par une mobilisation passive et une extension limitée. La récupération est généralement bonne.

Références
1. Nesterenko S, Domire ZJ, Morrey BF, et al. Shoulder elbow strength and endurance in patients with a ruptured distal biceps tendon. Elbow Surg 2010;19(2):184-9.
2. Kelly MP, Perkinson SG, Ablove RH, et al. Distal biceps tendon ruptures: an epide-miological analysis using a large population database. Am J Sports Med 2015;43:2012-7.
3. Catonne Y, Guerini H. Tendinopathies et ruptures distales du biceps brachial (biceps brachii). Traumatologie en pratique sportive. Elsevier Masson, Paris ; 2021. p. 71-9.

Une question, un commentaire ?

promo