L’obésité est un facteur de risque connu de syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), notamment en raison d’un excès d’adiposité qui entraîne un rétrécissement et un collapsus plus fréquent des voies aériennes ou encore la réduction des volumes pulmonaires.
Néanmoins, d’autres facteurs anatomiques, non liés à l’obésité, peuvent aussi être en cause dans la physiopathologie du SAHOS et ne pas prendre en compte le risque de SAHOS chez des patients de poids normal peut conduire à un retard diagnostique et thérapeutique.
Ainsi, pour estimer la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les personnes ayant un SAHOS et, inversement, celle du SAHOS chez les patients en surpoids ou obésité, des chercheurs ont réuni les données de quatre études de cohorte sur le sommeil conduites entre 1995 et 2013 – trois aux États-Unis et une en Suisse –, avec au total 12 860 participants d’âge moyen 67 ans.
Sur l’ensemble des participants des quatre cohortes, 56 % avaient un diagnostic de SAHOS et 26 % un diagnostic d’obésité – respectivement définis comme la présence de 5 épisodes ou plus d’apnées ou hypopnées par heure de sommeil (index AHI) et d’un IMC ≥ 30 kg/m2. La méta-analyse des données groupées de ces études a révélé que :
- pour tous les stades de sévérité du SAHOS confondus, la majorité (68 %) des personnes ayant un SAHOS n’étaient pas en situation d’obésité ; parmi ces personnes, 44 % étaient toutefois en surpoids (IMC compris entre 25 et 30) et les autres (24 %) avaient un IMC < 25 ;
- pour les stades plus sévères de SAHOS, la proportion de patients avec un diagnostic d’obésité était plus importante, de 7 à 15 points de pourcentage supplémentaires, mais les patients ayant un IMC < 30 restaient majoritaires ;
- la prévalence de l’obésité était plus importante chez les femmes ayant un SAHOS que chez les hommes (40 % vs 29 %), ainsi que chez les personnes de moins de 65 ans par rapport à celles de plus de 65 ans (41 % vs 29 %).
Par ailleurs, la prévalence de SAHOS chez les personnes ayant un surpoids ou une obésité est très élevée dans ces cohortes (respectivement 61 % et 74 %). D’après l’analyse statistique des données groupées, ces deux affections multiplient respectivement par 2 et 4 le risque d’avoir un SAHOS, par rapport à un IMC < 25.
Ainsi, si cette méta-analyse confirme, d’une part, que le surpoids-obésité est un facteur de risque important d’apnées du sommeil, elle incite, d’autre part, à ne pas négliger le dépistage de SAHOS chez les personnes de poids normal voire en sous-poids, d’autant plus que cette pathologie est elle-même un facteur de risque indépendant de maladies cardiovasculaires.