Ce médicament, conçu pour traiter certaines formes de la maladie de Charcot (ou SLA), a reçu l’AMM européenne mais pas l’autorisation d’accès précoce des autorités françaises. Face aux critiques des associations de patients, la HAS a détaillé sa décision.

Pour environ 2 % des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA), une mutation du gène SOD1 (superoxyde dismutase 1) est en cause, qui aboutit à la production d’une protéine SOD1 anormale, toxique pour les cellules nerveuses. Le médicament tofersen (Qalsody) est un oligonucléotide antisens (ASO) qui cible l’ARN messager du gène SOD1 pour bloquer la production de la protéine SOD1 défectueuse.

Début 2024, il a été autorisépar l’Agence européenne du médicament selon une AMM de type « circonstances exceptionnelles », mise en place lorsque le demandeur de l’AMM n’est pas en mesure de fournir des données complètes sur l’efficacité et la sécurité du médicament dans des conditions normales d’utilisation, par exemple lorsque la maladie à traiter est rare. L’agence précisait que, bien que les essais de phase III n’aient pas montré de différence dans la progression de la maladie à 28 jours de traitement par rapport à un placebo, d’autres critères de jugement pointaient vers un possible ralentissement de l’évolution de la maladie. Ainsi, compte tenu du manque d’options thérapeutiques pour ces patients, elle a autorisé ce médicament en requérant que le laboratoire fournisse des données supplémentaires sur sa sécurité et son efficacité à long terme, mais aussi sur son effet chez les patients qui n'ont pas encore de symptômes.

En octobre, la HAS a rendu un avis négatif à la demande d’autorisation d’accès précoce pour ce médicament, qu’elle réitère et explique début novembre, après que des associations de patients ont manifesté leur mécontentement.

Elle estime que ce médicament ne répond pas à tous les critères qui doivent être réunis pour mettre en place l’« accès précoce ». La HAS a expliqué que, s’il est vrai que la SLA est une maladie grave, rare et invalidante pour laquelle il n’existe pas de traitement approprié, les données cliniques n’ont, en revanche, pas montré un bénéfice suffisant qui permettrait de considérer le tofersen comme une véritable innovation thérapeutique dont la mise en place ne pourrait pas être différée. De plus, elle estime que les données biologiques (dosage des neurofilaments marqueurs de lésions axonales et de neurodégénération) ne sont pas suffisamment robustes pour conclure sur une possible évolution favorable.

Elle a donc invité le laboratoire à apporter ces données, précisant que toutes ses décisions « s’appuient sur des critères scientifiques précis et réglementés », et soulignant qu’elle avait « bien conscience de la gravité de cette pathologie et partage[ait] l’espoir que peut susciter l’arrivée d’un traitement pour tous les patients concernés  ».

Un autre avis est attendu de la part de la commission de la transparence la HAS, puisqu’il y a, en parallèle, une autre procédure d’évaluation en cours pour un éventuel remboursement dans le cadre du droit commun (et non en accès précoce) : « Les échanges avec le laboratoire […] se poursuivront dans les prochaines semaines. »

Pour en savoir plus
HAS. Qalsody : mise au point de la HAS. 8 novembre 2024.
HAS. QALSODY (tofersen) – Sclérose latérale amyotrophique. 22 octobre 2024.
European Medicines Agency. New treatment for rare motor neurone disease recommended for approval. 23 février 2024.

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