Le SOPK est l’endocrinopathie la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer, touchant entre 10 et 13 % d’entre elles ; selon l’OMS, 70 % des cas ne sont pas diagnostiqués. Il se caractérise par une augmentation de la production d’androgènes ovariens, due à un dérèglement hormonal d’origine ovarienne et/ou centrale, qui induit un trouble de la folliculogenèse associant un excès de follicules en croissance et le défaut de sélection d’un follicule dominant.
Le SOPK est la cause la plus fréquente de troubles de l’ovulation, d’hyperandrogénie et d’infécondité, et est associé à une insulinorésistance, des complications métaboliques (obésité, diabète) et une augmentation du risque cardiovasculaire.
Des traitements symptomatiques existent au cas par cas (hyperpilosité, acné…), mais ils ne s’attaquent pas à ses causes, encore mal connues.
Ainsi, les chercheurs tentent aujourd’hui de déceler les mécanismes à l’origine du dysfonctionnement endocrinien pour mettre au point des traitements efficaces.
Un rôle de l’hormone antimüllérienne ?
Des chercheurs de l’Inserm, du CHU de Lille et de l’université de Lille ont d’abord exploré si des doses importantes d’hormone antimüllérienne (AMH) lors de ce qu’on appelle la « mini-puberté » augmentaient le risque de développer le SOPK. La mini-puberté est une phase transitoire clé dans la croissance de tous les mammifères (y compris l’être humain), survenant dans les premiers jours ou mois suivant la naissance (selon les espèces), pendant laquelle l’on observe une stimulation des neurones qui produisent la GnRH (gonadotropin-releasing hormone). Les chercheurs ont montré que les souris ayant reçu 3 injections importantes d’AMH entre le deuxième et le quatorzième jour suivant leur naissance ont développé à l’âge adulte des symptômes du SOPK, comme l’infertilité et les troubles métaboliques (prise de poids).
Une question s’est donc posée : le blocage de l’activité de cette hormone AMH permet-elle de prévenir le SOPK ? Pour cela, les chercheurs ont mis au point un anticorps, Ha13, capable de bloquer les récepteurs de l’hormone AMH dans les ovaires et situés sur les neurones qui produisent la GnRH.1 Un groupe de souris ont reçu les anticorps entre 10 et 15 jours après leur naissance (lors de la mini-puberté, donc) et un autre groupe à l’âge adulte, alors qu’elles avaient déjà des symptômes du SOPK.
Les résultats ont été publiés dans la revue Cell Metabolism. Administrés lors de la mini-puberté, ces bloqueurs d’hormone AMH ont eu un effet préventif : les souris du premier groupe n’ont pas développé les principaux symptômes du SOPK plus tard dans leur vie. Et chez les souris adultes qui en souffraient déjà, les anticorps ont permis de les faire reculer : les cycles, l’ovulation et les taux d’androgènes sont revenus à la normale, ce qui suggère très probablement une fertilité améliorée.
L’équipe souhaite maintenant reproduire l’expérience auprès de femmes adultes souffrant du SOPK.
« En ce qui concerne les êtres humains, l’administration du traitement lors de la mini-puberté n’est pas possible dans l’immédiat, dans la mesure où le diagnostic du SOPK survient seulement après les premières règles et où des travaux supplémentaires doivent étudier les conséquences à long terme de ce "blocage" sur l’organisme. En revanche, les anticorps ciblant le récepteur de l’AMH pourraient représenter une piste thérapeutique prometteuse pour le traitement des troubles liés au SOPK chez les femmes adultes », précise Paolo Giacobini, directeur de recherche à l’Inserm qui a mené ces travaux.
Un brevet a été déposé par les scientifiques. À suivre, donc…
Inserm. Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). 5 juillet 2024.
Teede HJ, Tay CT, Laven JJE, et al. Recommendations From the 2023 International Evidence-based Guideline for the Assessment and Management of Polycystic Ovary Syndrome. J Clin Endocrinol Metab 2023;108(10):2447-69.
Référence :
1. Inserm. Des neurones de la reproduction… un peu partout dans le cerveau. 18 janvier 2017.