Une étude parue dans Nature suggère que l’élévation du taux de cortisol (hormone du stress) pendant la grossesse entraînerait un dérèglement du système nerveux et immunitaire du fœtus, causant une hypersensibilité cutanée dès la naissance, à l’origine du déclenchement d’eczéma. Une expérience in vivo a été menée sur des souris gestantes qui ont été soumises à un stress répété (contrainte physique et exposition lumineuse pendant trente minutes trois fois par jour) entre le 13e et le 18e jour de gestation, période de formation du système immunitaire et nerveux de la peau chez la souris, correspondant au 2e trimestre chez l’humain. Les souris contrôles ont été laissées libres. Une augmentation du taux de cortisol a été observée dans le sang et le liquide amniotique des souris stressées. Une fois les souriceaux nés, les conditions d’humidité et de friction rencontrées par les nourrissons humains – notamment dues aux couches, vêtements et plis cutanés – ont été reproduites en appliquant des compresses humides sur le dos et en provoquant une abrasion des zones soumises à des contraintes mécaniques. Les souriceaux qui avaient subi un stress prénatal ont développé des éruptions cutanées et une hypersensibilité (symptômes de l’eczéma), tandis que l’épiderme des souriceaux contrôles était intact. Les cellules cutanées des souriceaux ont ensuite été analysées par séquençage ARN et par microscopie confocale en fluorescence. Les résultats montrent que les mastocytes des souriceaux ayant subi un stress prénatal sont plus activés par rapport au contrôle, produisant donc davantage d’histamine – molécule provoquant rougeurs et démangeaisons. Un autre groupe de souris gestantes génétiquement modifiées pour être dépourvues de mastocytes a été étudié dans les mêmes conditions de stress que le groupe précédent. Leur progéniture n’a pas développé d’eczéma, soulignant le rôle des mastocytes dans les réactions cutanées observées. Les résultats montrent également que le stress maternel modifie les gènes des neurones sensoriels, indiquant une sensibilité cutanée accrue chez ces souriceaux. Des études complémentaires, notamment in utero, devront évaluer la transposabilité de ces observations chez l’humain.

Référence
Serhan N, Abdullah NS, Gheziel N, et al. Maternal stress triggers early-life eczema through fetal mast cell programming.  Nature 27 août 2025.