Des substituts au sel de table classique, parfois appelés « sels diététiques » ou « de régime », sont vendus en supermarché et en pharmacie. Les personnes qui doivent suivre un régime hyposodé, tels que les hypertendus, mais aussi celles souhaitant limiter leur consommation de sodium conformément aux recommandations de l’OMS (< 2 g/j), y ont recours.
Toutefois, étant donné que ces produits sont à base de chlorure de potassium, leur consommation peut entraîner un risque d’hyperkaliémie chez certaines personnes. Les conséquences de l’hyperkaliémie (v. encadré ci-dessous), notamment cardiaques, sont potentiellement graves, voire fatales.
Quels sont les patients à risque ?
Pour la population générale en bonne santé, les risques sanitaires liés à un apport alimentaire en potassium dépassant les recommandations nutritionnelles (3 500 mg/j) semblent limités.
En revanche, chez les personnes dont l’excrétion rénale est altérée, un apport trop important peut avoir des effets délétères. Les patients ayant une ou plusieurs des pathologies suivantes sont particulièrement concernés :
- insuffisance rénale au stade 4 ;
- diabète ;
- insuffisance cardiaque ;
- HTA ;
- le risque est aussi élevé pour les sujets âgés, qui cumulent souvent les pathologies ci-dessus.
Enfin, la déshydratation majore ces risques, notamment chez les personnes âgées.
Améliorer l’étiquetage de ces produits
L’Anses recommande de mieux informer les consommateurs de ces dangers, en :
- ajoutant des mentions sur les produits concernés (substituts de sel ou compléments alimentaires), comme : « Les personnes traitées pour hypertension artérielle, diabète, insuffisance cardiaque ou ayant une fonction rénale réduite sont invitées à ne consommer le produit que sous contrôle médical. » ;
- informant les personnes, lors de l’achat, que ces produits sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale ou de régime pauvre en potassium.
Manifestations de l’hyperkaliémie
Définie par une kaliémie > 5 mmol/L, l’hyperkaliémie est un trouble hydroélectrolytique fréquent, silencieux, mais potentiellement létal (perturbations du rythme ou de la conduction cardiaque).
Le plus souvent asymptomatique, elle est souvent découverte de façon fortuite lors d’un bilan biologique. Un ECG doit alors être réalisé en urgence +++.
Elle peut aussi se manifester par des signes généralement non spécifiques : faiblesse généralisée, fatigue musculaire voire paralysie, nausées, vomissements ou diarrhée. Les paresthésies sont une situation d’urgence.
L’atteinte cardiaque se manifeste par des anomalies électrocardiographiques, diffuses dans toutes les dérivations (ondes T amples, pointues et symétriques, augmentation de l’espace PR pouvant entraîner des blocs auriculoventriculaires, élargissement des complexes QRS) ; la disparition des ondes P (bloc sino-auriculaire) est un signe de gravité. Des troubles de la conduction et du rythme justifient une prise en charge en urgence.