Les débats sur l’euthanasie et le suicide assisté (ESA) sont d’actualité en Eu­rope. L’élargissement de l’ESA pour motif psychiatrique, déjà autorisé dans certains pays, interroge tant sur le plan éthique que clinique étant donné la proximité entre les patients suicidaires et les pa­tients demandant ou ayant accédé à l’ESA. Comment concilier l’ESA avec la promo­tion de la prévention du suicide, qui tue près de 10 000 personnes par an en France ? Plusieurs questions clés méritent une ré­ponse claire avant d’envisager d’aller plus loin dans les débats sociaux : comment s’assurer de l’irréversibilité de la souf­france psychologique ? comment s’assurer que les patients demandeurs d’ESA dis­posent d’une totale capacité de prise de décision ? comment juger de la futilité thérapeutique ? Il semble capital de protéger les patients les plus vulnérables en faisant en sorte que la psychiatrie puisse offrir de nouvelles solutions aux patients en souffrance.

Pr Philippe Courtet, département urgence et post-urgence psychiatriques, hôpital Lapeyronie, CHU Montpellier, France

8 mars 2022