Le syndrome du sapin de Noël est de plus en plus relayé dans les médias, mais qu’en est-il réellement ? Lorsque l’on reprend la bibliographie, peu d’articles en font état. Il faut cependant en connaître la teneur.

Peu d’études publiées

En 1970, Derek Wyse rapportait dans le Canadian Medical Association Journal que l’exposition en milieu domestique pouvait entraîner une exacerbation des symptômes respiratoires chez environ 7 % des personnes allergiques ou asthmatiques.1 À l’époque, l’analyse des écorces de pin avait révélé la présence de moisissures telles que Penicillium Epicoccum et Alternaria , sans toutefois pouvoir démontrer leur dispersion dans l’air ambiant. Les résultats des prélèvements variaient selon les habitations étudiées. Cette publication suggérait toutefois l’existence d’une majoration des symptômes ou d’une allergie associée aux arbres de Noël. D’après une publication de 2007, la présence d’un sapin de Noël dans un appartement entraînait une élévation de la concentration de spores de moisissures de 800 à 5 000 spores/m³. Ces niveaux dépassent largement le seuil fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui considère qu’une concentration supérieure à 500 spores/m³ est inacceptable pour la qualité de l’air intérieur. En 2011, une équipe a examiné 28 arbres de Noël provenant de 28 habitations différentes.2 Plus de 53 espèces de moisissures ont été identifiées, dont 70 % étaient considérées comme potentiellement délétères pour la santé humaine. Cette étude avait été motivée par l’observation d’une exacerbation des crises d’asthme dans la semaine précédant et suivant le 25 décembre. Les moisissures les plus fréquemment retrouvées étaient Alternaria, Penicillium, Aspergillus et Cladosporium.

Depuis, si les études de l’impact des moisissures dans l’environnement intérieur sur la santé humaine sont nombreuses, celles portant spécifiquement sur la présence de moisissures liées aux arbres de Noël et leurs effets indésirables sur l’appareil respiratoire font défaut. Actuellement, différentes méthodes sont utilisées pour mesurer la présence de moisissures dans l’environnement intérieur. Parmi elles, l’Environmental Relative Moldiness Index  (ERMI) est un test ADN reposant sur l’analyse de la poussière domestique, permettant de déterminer les concentrations d’ADN de 36 espèces de moisissures.3

Impact néfaste des moisissures

La prolifération des moisissures dans l’environnement intérieur est associée au développement de pathologies respiratoires et ORL (rhinite, pneumopathie d’hypersensibilité). Elle augmente également le risque de développer un asthme précoce. Publiée en 2025, l’étude CHAMPIASTHMA4, prospective, a été menée entre juin 2020 et août 2021 dans 11 hôpitaux du Nord et du Pas-de-Calais. Elle inclut des enfants âgés de 1 à 17 ans suivis pour asthme. L’objectif principal était d’évaluer l’impact de l’exposition domestique à l’humidité et aux moisissures sur le contrôle de l’asthme pédiatrique. Les chercheurs ont recueilli des données cliniques (symptômes, crises, recours aux soins), environnementales (présence d’humidité et de moisissures au domicile) et ont utilisé des outils standardisés pour mesurer le niveau de contrôle de l’asthme. Les résultats ont montré que les enfants exposés à l’humidité et aux moisissures avaient un contrôle de l’asthme significativement plus défavorable, avec davantage de symptômes respiratoires et une augmentation du risque d’exacerbations. L’étude met ainsi en évidence le rôle majeur de l’environnement intérieur dans la prise en charge de l’asthme de l’enfant et souligne l’importance d’une prévention ciblée sur la qualité de l’air domestique.

Ne négliger aucune piste !

Le syndrome du sapin de Noël a fait l’objet de quelques publications et ne doit pas être négligé. Toutefois, comparé à l’impact majeur des moisissures présentes dans l’habitat, considérées comme des polluants de l’air intérieur, il ne représente qu’un facteur déclenchant très marginal. En revanche, l’infestation massive de certains logements liée à l’humidité et aux infiltrations est une source bien plus significative de symptômes respiratoires, susceptibles de déclencher ou d’aggraver l’asthme et les pathologies associées.

Encadre

Mesures préventives du syndrome du sapin de Noël

Informer les patients atopiques du risque lié aux sapins naturels.

Privilégier un sapin artificiel, en évitant les décorations en neige synthétique, source de polluants supplémentaires.

Limiter la durée d’exposition : un sapin naturel ne devrait pas rester plus de 15 jours en intérieur et, idéalement, seulement quelques jours chez les patients allergiques ou asthmatiques.

Surveiller l’apparition de symptômes respiratoires ou allergiques durant la période des fêtes et envisager une adaptation thérapeutique si nécessaire.

Nettoyer l’arbre et bien le sécher avant son installation peut réduire partiellement la charge fongique, mais cette mesure reste aléatoire et parfois difficile à réaliser.

Références
1. Wyse DM, Malloch D. Christmas tree allergy: mould and pollen studies.  Can Med Assoc J 1970;103(12):1272-6 (republié en 2007).
2 ; Kurlandsky LE, Przepiora J, Riddell SW, et al. Identification of mold on seasonal indoor coniferous trees.  Ann Allergy Asthma Immunol 2011;106(6):543-4.
3. Caillaud D, Leynaert B, Keirsbulck M, et al. Indoor mould exposure, asthma and rhinitis: findings from systematic reviews and recent longitudinal studies.  Eur Respir Rev 2018;27(148):170137.
4. Sauvere M, Lejeune S, Chagnon F, et al. Home exposure to moisture and mold is associated with poorer asthma control in children: CHAMPIASTHMA study.  J Allergy Clin Immunol Glob 2025;4(2):100415.

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