La télémédecine clinique doit être de qualité comparable à la médecine clinique en présentiel. Tout acte de médecine, qu’il soit réalisé en présence du patient ou en distanciel, s’appuie sur les données de santé recueillies lors de l’interrogatoire médical, lequel contribue dans 70 % des cas à évoquer un diagnostic (l’examen physique n’y contribuant que dans 5 % des cas et les examens complémentaires dans 25 %). L’avènement de «Mon espace santé» (MES), véritable coffre-fort pour les données personnelles de santé de chaque citoyen, améliore indiscutablement les pratiques cliniques de télémédecine. Outre le dossier médical partagé (DMP), il contient une messagerie sécurisée, un agenda et un catalogue d’applications numériques. 

La téléconsultation est un contact direct entre le médecin et le patient à travers un écran. Pour compléter l’interrogatoire médical, le patient peut donner accès à son DMP dans MES, en particulier lorsque le médecin qui réalise la téléconsultation n’est pas le médecin traitant habituel, ce dernier ayant accès au dossier patient informatisé qu’il a constitué dans son logiciel métier. 

Une télé-expertise médicale est possible sur la base des données de santé d’un patient. Le médecin expert est sollicité par le médecin traitant ou un professionnel de santé non médical. Le médecin expert peut demander à consulter le DMP du patient, ce dernier pouvant également participer à la télé-expertise en répondant aux questions du médecin expert par la messagerie sécurisée en santé de MES. 

La télésurveillance médicale au domicile, en particulier des patients atteints de maladies chroniques, se fait à partir d’applications numériques figurant dans le catalogue de MES. Ces applications permettent de suivre des indicateurs de la maladie chronique et de générer des alertes au professionnel de santé en charge du télésuivi. Ces applications ont été labellisées par l’État pour leur sécurité d’utilisation, la fiabilité de l’algorithme utilisé pour les alertes, et l’interopérabilité avec MES. 

Toutes les pratiques de télémédecine doivent respecter les grands principes de l’éthique médicale (bienfaisance, non-malfaisance, autonomie et justice). De même, les solutions numériques créées pour la télémédecine doivent être compatibles avec l’éthique médicale.

Pierre Simon, fondateur de la Société française de télémédecine

15 mars 2022