L’insuffisance cardiaque, malgré les progrès thérapeutiques considérables, reste une maladie fréquente, grave et coûteuse, notamment en raison des réhospitalisations très fréquentes et sévères (5 à 10 % de mortalité). La télémédecine (pratique médicale à distance), grâce aux avancées majeures des technologies de l’information et de la communication, apparaît comme une solution prometteuse pour l’amélioration de sa prise en charge. La France reconnaît depuis dix ans cinq actes de télémédecine : téléconsultation, télé-expertise, télé-assistance, régulation médicale, et télésurveillance. La télésurveillance a été très étudiée dans la défaillance cardiaque, car elle permet de dépister précocement les signes avant-coureurs de décompensation et d’éviter ainsi, via une adaptation thérapeutique, une réadmission. La surveillance de multiples paramètres physiologiques, invasifs et non invasifs, est actuellement possible grâce à de nombreux outils (support téléphonique structuré, objets connectés à domicile, dispositifs médicaux implantables à visée thérapeutique ou diagnostique) avec des innovations continuelles (par exemple, objets connectés portables). Bien que les résultats de dizaines d’essais cliniques randomisés soient divergents (en raison notamment de la complexité de la surveillance à distance et de l’hétérogénéité des techniques employées), les différentes méta-analyses montrent un bénéfice médical et économique de la télésurveillance. C’est pourquoi, en attendant les résultats des études en cours, en particulier en France, notre pays a mis en place pour la première fois une expérience en vie réelle (programme ETAPES). Malgré les nombreuses questions non résolues et la nécessité de la démonstration formelle d’un réel bénéfice médical et économique, la télémédecine, associée aux progrès de l’intelligence artificielle, représente une potentialité énorme pour la prise en charge future de l’insuffisance cardiaque.

Michel Desnos, hôpital Marie-Lannelongue, Le Plessis-Robinson

11 février 2020

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