En raison des changements réglementaires et de la commercialisation de nouvelles spécialités, les recos relatives aux traitements de substitution aux opiacés ont été actualisées par les Ordres des médecins et des pharmaciens. Elles visent à améliorer la prise en charge des patients mais aussi à protéger les professionnels de santé et à lutter contre le trafic des médicaments substitutifs. Que faut-il savoir en MG ?

Trois principales nouveautés sont à signaler :

  • la possibilité d’exclure la substitution du Subutex (buprénorphine) par une spécialité générique, justifiée par la marge thérapeutique étroite, en apposant la mention « Non substituable MTE » sur l’ordonnance ;
  • l’ordonnance électronique : déploiement obligatoire au plus tard le 31 décembre 2024 ; transmise directement et de manière sécurisée au pharmacien et remise au patient avec un QR code (plus difficile à frauder) ;
  • la recommandation de mettre à disposition de la naloxone de façon systématique auprès des personnes exposées à un risque de surdose ou de leur entourage.

Grands principes du TSO

  • Définir les objectifs thérapeutiques en concertation avec le patient avant toute prescription initiale (décision médicale partagée) et les réévaluer régulièrement.
  • Proposer des interventions psychosociales et d’accompagnement par les associations d’usagers, en complément (nécessité d’une prise en charge holistique afin d’identifier les causes et limiter le risque d’entretien de l’addiction).
  • Expliquer tous les aspects du TSO : dispensation, suivi, observance du cadre et des règles spécifiques à ces médicaments, bon usage, effets indésirables, contre-indications, précautions et risques, etc.
  • Prendre un avis spécialisé en cas de situation particulière ou de difficulté : comorbidités, co-addictions, traitements associés, grossesse, âge, demande inappropriée de l’usager, déroulement inhabituel de la prise en charge…
  • L’instauration d’un TSO ne doit pas être faite dans l’urgence sans avoir au préalable sécurisé la prise en charge : dépendance physique aux opioïdes confirmée (v. encadré 1 pour l’examen clinique préalable), projet de soins défini intégrant la dimension de réduction des risques et des dommages (particulièrement en cas de maintien de la consommation d’opiacés illicites), éducation du patient au bon usage, absence de contre-indication...
  • Le dialogue entre médecins et pharmaciens doit être systématique : lors de la première ordonnance ; lorsque le patient n’est pas connu (s’il a déjà eu un TSO, une concertation avec les précédents prescripteur et dispensateur est recommandée) ; à chaque modification des posologies ou chevauchement ; devant toute difficulté.

Le TSO en médecine générale

Prescription de la buprénorphine HD

Ordonnance électronique sécurisée : nouveauté

  • nombre d’unités thérapeutiques par prise, nombre de prises et dosage indiqués en toutes lettres ;
  • durée de prescription limitée à 28 jours ;
  • nom du pharmacien obligatoire ;
  • délivrance fractionnée par 7 jours pour la BHD ;
  • il est recommandé de faire apparaître le nombre de lignes de médicaments prescrits dans le carré de micro-lettres en bas à droite de l’ordonnance.

  • au médecin de garder copie de toutes prescriptions ;
  • au patient de garder toujours son ordonnance sur lui, en cas de contrôle par les autorités.

Traitement au long cours

Pharmacovigilance et addictovigilance

Encadre

Prérequis à une initialisation ambulatoire du sevrage des opiacés

  • antériorité des consommations, mode de consommation, produits consommés ;
  • co-consommations et leur antériorité ;
  • situation sociale et professionnelle ;
  • antécédents médicochirurgicaux, notamment psychiatriques ;
  • traitements actuels, prescrits ou non ;
  • signes physiques de manque (aux opiacés) précoces : bâillements, mydriase, rhinorrhées, sueurs, larmoiements ;
  • signes physiques de manque tardifs : polypnée, tachycardie, hypertension artérielle, agitation, insomnie, tremblements, piloérection, douleurs musculaires et articulaires (sans organicité sous-jacente), frissons, nausées, vomissements, diarrhées ;
  • signes de surdosage (aux opiacés) : myosis en tête d’épingle ;
  • bradypnée, bradycardie, hypotension artérielle ;
  • somnolence, dépression respiratoire ;
  • à l’extrême, peuvent s’observer apnées et coma calme, voire un arrêt respiratoire.
Encadre

Initialisation du traitement par buprénorphine HD en pratique

Phase d’initialisation

Éducation thérapeutique

  • trente minutes avant la prise, éviter la consommation de café, thé, tabac, alcool, menthe, dentifrice ; en effet, la vasoconstriction qu’ils induisent risque de perturber la bonne biodisponibilité ;
  • humidifier la muqueuse buccale avec de l’eau à température ambiante, afin de favoriser les échanges. Une fois le comprimé dans la bouche, le placer sous la langue jusqu’à dissolution ;
  • conserver la salive dans la bouche jusqu’à dix minutes après introduction du comprimé sans parler, boire, manger, avaler ni fumer.

Évaluation à J2, augmentation progressive du dosage et poursuite du traitement

  • comment le traitement a été pris ;
  • à quel moment de la journée les symptômes précoces/tardifs sont apparus ;
  • si la prise de comprimés à 2 mg a été nécessaire.

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