Les troubles bipolaires (TB) et les schizophrénies à début précoce (SDP) peuvent débuter à l’adolescence, exceptionnellement dans l’enfance. Il importe de les identifier compte tenu de la sévérité clinique et du risque d’errance diagnostique.
Trouble bipolaire à l’adolescence
La prévalence est estimée à 1,2 % pour les formes de type 1 (au moins un épisode maniaque) et 1,8 % en incluant celles de type 2 (au moins un épisode hypomaniaque).1 L’apparition d’un TB chez l’enfant prépubère est exceptionnelle, mais des symptômes d’allure maniaque peuvent se retrouver dans de nombreux tableaux psychiatriques et développementaux.2
Le pronostic est généralement plus sévère que lors d’une survenue à l’âge adulte (risque suicidaire et d’abus de substance majoré). Un antécédent de TB chez un apparenté du 1er degré est le principal facteur de risque ; la maltraitance associée rend l’évolution plus péjorative.
Dans le TB de type 1, l’épisode maniaque (tableau 1 ) est précédé dans 70 % des cas d’un premier épisode dépressif, en général vers l’âge de 11 ans, caractérisé par : symptômes psychotiques, ralentissement psychomoteur marqué, difficultés de concentration et distractibilité, idées suicidaires. Les autres signes prodromiques sont très peu spécifiques…
Schématiquement, 2 modes d’entrée :
– un épisode maniaque d’apparition brutale chez un adolescent au bon fonctionnement prémorbide ; sévère, il est souvent associé à des symptômes psychotiques (30-60 % cas) congruents à l’humeur : idées grandioses, tonalité mélancolique avec idées de ruine, de culpabilité ou d’incurabilité lors de la phase dépressive. à distinguer d’un épisode psychotique aigu ;
– un tableau marqué par une alternance de phases hypomaniaques (de moindre intensité) et dépressives. Diagnostic différentiel : trouble de personnalité borderline. La notion de rupture avec l’état antérieur et les antécédents familiaux sont importants à documenter.
En cas de manifestations maniaques induites par une substance ou un médicament (antidépresseur, psychostimulant, corticoïdes), si elles disparaissent à son arrêt, on parle de symptômes iatrogènes (cependant, le risque est de développer un TB ultérieurement). Si les signes persistent, il s’agit d’une entrée dans le trouble bipolaire.3
Le pronostic est généralement plus sévère que lors d’une survenue à l’âge adulte (risque suicidaire et d’abus de substance majoré). Un antécédent de TB chez un apparenté du 1er degré est le principal facteur de risque ; la maltraitance associée rend l’évolution plus péjorative.
Dans le TB de type 1, l’épisode maniaque (
Schématiquement, 2 modes d’entrée :
– un épisode maniaque d’apparition brutale chez un adolescent au bon fonctionnement prémorbide ; sévère, il est souvent associé à des symptômes psychotiques (30-60 % cas) congruents à l’humeur : idées grandioses, tonalité mélancolique avec idées de ruine, de culpabilité ou d’incurabilité lors de la phase dépressive. à distinguer d’un épisode psychotique aigu ;
– un tableau marqué par une alternance de phases hypomaniaques (de moindre intensité) et dépressives. Diagnostic différentiel : trouble de personnalité borderline. La notion de rupture avec l’état antérieur et les antécédents familiaux sont importants à documenter.
En cas de manifestations maniaques induites par une substance ou un médicament (antidépresseur, psychostimulant, corticoïdes), si elles disparaissent à son arrêt, on parle de symptômes iatrogènes (cependant, le risque est de développer un TB ultérieurement). Si les signes persistent, il s’agit d’une entrée dans le trouble bipolaire.3
Schizophrénie précoce
La prévalence à 18 ans est de 1/500. On parle de SDP pour les formes débutant avant 16 ans. Avant 13 ans, elles sont très rares (1/10 000). Plus le début est précoce, moins bon est le pronostic. La durée d’évolution des symptômes non traités est aussi un élément péjoratif.4
La SDP est définie par la persistance pendant au moins 6 mois de symptômes psychotiques (tableau 2 ). Toutes les hallucinations de l’enfant et de l’adolescent ne sont pas concernées : ami imaginaire, liées aux maladies du sommeil (narcolepsie) ou à d’autres troubles psychiatriques (de l’humeur, état de stress post-traumatique).
Facteurs de risque : antécédents familiaux de schizophrénie et traits de personnalité schizotypique (idées de référence, croyances étranges, expériences perceptives anormales, affects inappropriés, absence d’amis proches). Les symptômes négatifs et une détérioration du fonctionnement cognitif peuvent précéder de plusieurs mois les hallucinations.
Un bilan auto-immun, métabolique et génétique minimal est systématique, à la recherche d’une étiologie organique (encéphalopathie auto-immune, maladie de surcharge, liée au cycle de l’urée...).4 Ainsi, près de 25-30 % des jeunes ayant une délétion 22q11 évoluent vers une schizophrénie à l’âge adulte.
On distingue 3 formes de SDP :
– celles apparaissant chez les sujets au fonctionnement prémorbide peu ou pas altéré. Chez les plus jeunes, le trouble peut être insidieux, avec une certaine égosyntonie. Le déni est retrouvé davantage en cas de survenue tardive ;
– les formes évolutives d’un trouble du développement au diagnostic difficile (chevauchement des symptômes). Tenir compte du contexte+++, en particulier chez les jeunes ayant une déficience intellectuelle ou un TSA, chez qui l’anxiété ou la dépression peuvent se manifester par des comportements plus inhabituels (ex : stéréotypies motrices, grande immuabilité avec anxiété…) ;
– les formes à forte suspicion d’organicité définies par : atypicité clinique (hallucinations visuelles, confusion), moins bonne réponse au traitement, caractéristiques catatoniques ou régressions comportementales, signes somatiques (dont neurologiques).
La SDP est définie par la persistance pendant au moins 6 mois de symptômes psychotiques (
Facteurs de risque : antécédents familiaux de schizophrénie et traits de personnalité schizotypique (idées de référence, croyances étranges, expériences perceptives anormales, affects inappropriés, absence d’amis proches). Les symptômes négatifs et une détérioration du fonctionnement cognitif peuvent précéder de plusieurs mois les hallucinations.
Un bilan auto-immun, métabolique et génétique minimal est systématique, à la recherche d’une étiologie organique (encéphalopathie auto-immune, maladie de surcharge, liée au cycle de l’urée...).4 Ainsi, près de 25-30 % des jeunes ayant une délétion 22q11 évoluent vers une schizophrénie à l’âge adulte.
On distingue 3 formes de SDP :
– celles apparaissant chez les sujets au fonctionnement prémorbide peu ou pas altéré. Chez les plus jeunes, le trouble peut être insidieux, avec une certaine égosyntonie. Le déni est retrouvé davantage en cas de survenue tardive ;
– les formes évolutives d’un trouble du développement au diagnostic difficile (chevauchement des symptômes). Tenir compte du contexte+++, en particulier chez les jeunes ayant une déficience intellectuelle ou un TSA, chez qui l’anxiété ou la dépression peuvent se manifester par des comportements plus inhabituels (ex : stéréotypies motrices, grande immuabilité avec anxiété…) ;
– les formes à forte suspicion d’organicité définies par : atypicité clinique (hallucinations visuelles, confusion), moins bonne réponse au traitement, caractéristiques catatoniques ou régressions comportementales, signes somatiques (dont neurologiques).
Références
1. Van Meter AR, Moreira AL, Yougstrom EA. Meta-analysis of epidemiologic studies of pediatric bipolar disorder. J Clin Psychiatry 2011;72:1250-6.
2. Benarous X, Consoli A, Milhiet V, Cohen D. Early interventions for youths at high risk for bipolar disorder: a developmental approach. Eur Child Adolesc Psychiatry 2016;25:217-33.
3. HAS. Patient avec un trouble bipolaire : repérage et prise en charge initiale en premier recours. Recommandations de bonne pratique. Octobre 2015.
4. Bonnot O, et al. Schizophrénies à début précoce. In: Daléry J, d'Amato T, Saoud M, eds. Pathologies schizophréniques. Cachan: Lavoisier; 2012: 88-95.
5. Maijer K, Hayward M, Fernyhough C, et al. Hallucinations in Children and Adolescents: An Updated Review and Practical Recommendations for Clinicians. Schizophr Bull 2019;45(45 Suppl 1):S5-S23.
2. Benarous X, Consoli A, Milhiet V, Cohen D. Early interventions for youths at high risk for bipolar disorder: a developmental approach. Eur Child Adolesc Psychiatry 2016;25:217-33.
3. HAS. Patient avec un trouble bipolaire : repérage et prise en charge initiale en premier recours. Recommandations de bonne pratique. Octobre 2015.
4. Bonnot O, et al. Schizophrénies à début précoce. In: Daléry J, d'Amato T, Saoud M, eds. Pathologies schizophréniques. Cachan: Lavoisier; 2012: 88-95.
5. Maijer K, Hayward M, Fernyhough C, et al. Hallucinations in Children and Adolescents: An Updated Review and Practical Recommendations for Clinicians. Schizophr Bull 2019;45(45 Suppl 1):S5-S23.