Un homme de 44 ans, greffé rénal, consulte pour une tuméfaction anale (fig. 1).
Texte

La tumeur de Buschke-Löwenstein est exceptionnelle. Elle a été décrite au niveau du pénis par Abraham Buschke (1868 - 1943) et Ludwig Löwenstein (1885 - 1959). Au niveau anal, elle est plus fréquente chez l’homme, avec un pic d’incidence entre 40 et 50 ans. L’immunosuppression joue un rôle favorisant. Cette prolifération pseudo-épithéliomateuse bénigne est liée à une infection par des papillomavirus humains, principalement les types 6 et 11. Son évolution est lente, avec une agressivité locale et une capacité d’infiltration destructive des tissus alentour. Elle évolue vers le carcinome épidermoïde dans 35 à 50 % des cas et peut également se surinfecter.

Les symptômes ne sont pas spécifiques : sensation de masse, douleurs, suintements, saignements, voire altération de l’état général… L’aspect clinique est celui d’une masse bourgeonnante, condylomateuse « géante », dite en « chou-fleur », parfois impressionnante (fig. 2), avec des anfractuosités laissant sourdre du pus.

Le diagnostic repose sur l’aspect clinique et l’histologie. Cette dernière permet d’affirmer la dégénérescence en cas de franchissement de la membrane basale. L’imagerie permet le bilan d’extension.

Les principaux diagnostics différentiels sont les condylomatoses étendues ainsi que les tumeurs malignes de l’anus, dont le carcinome verruqueux – forme bien différenciée de carcinome épidermoïde, souvent non liée aux papillomavirus.

Le traitement repose sur l’exérèse, parfois difficile en cas de tumeur extensive. La chimioradiothérapie est indiquée en cas de dégénérescence. Les récidives sont fréquentes et, en cas de cancer, la mortalité semble supérieure à celle du carcinome épidermoïde classique. 

Pour en savoir plus
Purzycka-Bohdan D, Nowicki RJ, Herms F, et al. The Pathogenesis of Giant Condyloma Acuminatum (Buschke-Lowenstein Tumor): An Overview. Int J Mol Sci 2022;23(9):4547.

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