Le rétrécissement aortique calcifié touche 5 % des personnes de plus de 65 ans. Sa fréquence augmente avec l’âge, car les tissus se rigidifient et se calcifient avec le temps.
La sténose est souvent découverte de façon fortuite, lors d’une échographie réalisée pour une autre raison, ou après la détection d’un souffle précordial (bilan préopératoire avant une chirurgie extracardiaque…) chez un patient asymptomatique.
Des symptômes d’effort sont évocateurs : dyspnée – parfois décrite comme une simple fatigue –, angor, syncope, lipothymie ; cependant, ils ne sont pas spécifiques et peuvent être dus à d’autres pathologies associées (maladie coronaire, pulmonaire, troubles du rythme cardiaque ou de la conduction). Une fois les symptômes présents, le taux de mortalité sans intervention est de plus de 30 % à un an et 50 % à deux ans.
Le seul traitement disponible en cas de forme sévère est le remplacement valvulaire aortique, qu’il soit chirurgical ou percutané (TAVI).
Prévenir la calcification : un défi majeur
L’avènement des techniques de remplacement percutané a fortement progressé avec l’utilisation des bioprothèses. Toutefois, celles-ci ont tendance à calcifier 10 à 15 ans après leur implantation, rendant nécessaire une nouvelle intervention, souvent risquée.
L’identification de médicaments permettant de ralentir ou de prévenir ces mécanismes de calcification reste donc un défi majeur. C’est ce qu’a tenté de faire une équipe de chercheurs français (Inserm, Université de Lille, CHU de Lille, Institut Pasteur de Lille). Les résultats de leurs travaux ont été publiés ce 24 février 2025 dans la revue Circulation .
Un dérivé de la vitamine A prometteur
Grâce à l’étude de l’expression des gènes de valves calcifiées et non calcifiées, les chercheurs ont mis en évidence la forte réduction de l’expression de l’enzyme ALDH1A1 – qui permet la synthèse d’un dérivé de la vitamine A – dans les valves atteintes de sténose aortique.
Grâce à cette découverte, les chercheurs se sont intéressés à l’acide rétinoïque, le principal produit synthétisé par l’enzyme à partir de la vitamine A. Celui-ci s’est montré efficace in vitro et dans deux modèles animaux précliniques de dégénérescence tissulaire pour contrer la calcification.
Déjà utilisé en oncologie ou dermatologie, l’acide rétinoïque pourrait être une option thérapeutique rapidement disponible et bien tolérée pour traiter la sténose aortique et prévenir la dégénérescence des bioprothèses. Des essais cliniques pour confirmer cet effet sont bien entendu nécessaires.
Marechaux S, Ennezat PV. Sténose aortique du sujet âgé. Rev Prat Med Gen 2019;33(1013);15-9.