Pour le calcul du risque CV, les modèles traditionnels fournissent des estimations à 10 ans, mais il serait souhaitable de disposer de méthodes de prédiction à plus long terme : cela permettrait de mettre en place de stratégie de prévention plus précocement.
Cette étude a assuré le suivi d’une cohorte de 39 876 professionnelles de santé américaines en bonne santé (âge moyen de 54,7 ans à l’inclusion ; IMC moyen = 25,9 ; 94,0 % de femmes blanches) recrutées prospectivement entre 1992 et 1995. À l’inclusion, ces femmes ont transmis des informations sur leurs caractéristiques démographique et leurs modes de vie, et certaines ont fourni un échantillon sanguin. Les échantillons de 27 939 participantes ont ainsi été analysés pour mesurer trois biomarqueurs prédictifs de la survenue d’une maladie cardiovasculaire : la protéine C-réactive haute sensibilité (hsCRP), le cholestérol LDL et la lipoprotéine(a). Le critère de jugement principal de l’étude était la survenue du premier événement cardiovasculaire indésirable majeur : infarctus du myocarde, revascularisation myocardique, AVC ou décès par maladie cardiovasculaire.
Les résultats ont été publiés fin août dans le NEJM . À l’issue d’un suivi médian de 27,4 ans (écart interquartile = [22,6 ans ; 28,5 ans]), 3 662 événements cardiovasculaires majeurs ont été confirmés. Les niveaux les plus élevés de ces biomarqueurs (quintile 5) étaient associés à des risques significativement plus élevés : CRP (HR = 1,70), LDL-c (HR = 1,36) et lipoprotéine(a) (HR = 1,33). L’effet combiné de ces trois biomarqueurs était encore plus performant, atteignant un HR de 2,63 pour les participantes avec des valeurs élevées des trois.
Les auteurs en concluent qu’une seule mesure de hsCRP, cholestérol LDL et lipoprotéine(a) réalisée chez des femmes initialement en bonne santé est prédictive de l’incidence d’événements cardiovasculaires à 30 ans. Le dosage de ces 3 marqueurs chez des femmes jeunes permettrait ainsi de mettre en œuvre très tôt les mesures médicamenteuses et/ou hygiénodiététiques appropriées (habitudes alimentaires, activité physique, arrêt du tabac…).