Face aux infections à C. difficile, les stratégies prophylactiques sont peu concluantes. Malgré les efforts considérables déployés pour la recherche en ce sens, il n’y a pas de vaccin actuellement disponible. Le développement du vaccin de Sanofi (toxoïde) a été arrêté à la suite d’un essai de phase III, pour cause de futilité (absence de résultats utiles). Le vaccin recombinant de Pfizer pourrait réduire la sévérité, mais il n’a pas montré d’efficacité dans la prévention des infections.
Ainsi, des chercheurs américains ont eu l’idée de développer un vaccin à ARN messager (ou ARNm) exprimant plusieurs facteurs de virulence de C. difficile, dont des fragments de deux toxines et d’une protéine impliquée dans son adhésion aux cellules humaines. Leurs analyses sur 137 souches de C. difficile montrent que ces séquences sont identiques à plus de 95 % entre les souches, d’où la multivalence du vaccin. Enfin, l’ARNm a été encapsulé dans des nanoparticules lipidiques.
Afin d’évaluer l’immunogénicité de ce candidat vaccin, des souris en ont reçu deux injections (1 µg), 35 jours puis 14 jours avant de recevoir une dose de 10 000 spores de C. difficile. Les analyses sérologiques ont prouvé que le candidat vaccin entraînait une réponse immunitaire spécifique aux facteurs de virulence de C. difficile . Une autre série d’expériences a permis de préciser cette réponse immunitaire : le vaccin induit des réponses robustes de lymphocytes T auxiliaires folliculaires et des centres germinatifs, qui sont associées à l’activation de la mémoire immunitaire et donc à une réponse robuste à long terme après vaccination. Ces résultats ont été retrouvés dans plusieurs modèles animaux.
En comparaison à d’autres candidats vaccins recombinants contre C. difficile, ce vaccin à ARNm s’avère également supérieur en termes de réponse immunitaire, notamment au niveau des muqueuses : il devrait donc être capable d’empêcher leur colonisation. Vivement qu’on passe aux études cliniques !
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Barbut F, Eckert C, Lalande V, et al. Infections digestives à Clostridioides difficile. Rev Prat Med Gen 2024;338(1090);377-84.