L’immunothérapie ciblée avec le développement des anticorps bispécifiques et des lymphocytes T porteurs d’un récepteur à l’antigène chimérique, appelés CAR-T cells ou cellules CAR-T, a révolutionné la prise en charge des patients atteints d’hémopathies malignes, et tout particulièrement d’hémopathies B telles que les leucémies aiguës lymphoblastiques B (LAL-B) et les lymphomes B. Les cellules CAR-T sont des lymphocytes T conçus pour exprimer des récepteurs d’antigènes chimériques qui se fixent sur un antigène tumoral déterminé. Une fois injectées, les cellules CAR-T vont s’activer et s’expandre pour éliminer les cellules tumorales. Dans les hémopathies B, les cellules CAR-T anti-CD19 sont les plus développées. Dans la LAL-B multitraitée de l’enfant, le tisagenlecleucel, cellules CAR-T anti-CD19, permet d’obtenir un taux de survie sans leucémie supérieur à 50 % à un an. Le tisagenlecleucel possède une AMM chez les enfants et jeunes adultes de moins de 25 ans. Dans les lymphomes B agressifs ayant reçu au moins deux lignes de traitements, le tisagenlecleucel et l’axicabtagene ciloleucel permettent d’obtenir plus de 50 % de réponse avec des survies prolongées. Les cellules CAR-T cells ont le statut de médicaments de thérapie innovante.Le blinatumomab est le chef de file des anticorps bispécifiques conçus pour interagir spécifiquement avec le récepteur CD3 à la surface des lymphocytes T et le récepteur CD19 exprimés à la surface des cellules tumorales B. En monothérapie, il a montré sa supériorité, en matière de rémission complète et de survie globale, par rapport au traitement standard chez les patients atteints d’une LAL-B en rechute. Il est actuellement testé en première ligne et en association avec la chimiothérapie et/ou d’autres immunothérapies. Les anticorps bispécifiques les plus prometteurs dans les lymphomes B agressifs ont comme cible le CD20. Ils sont actuellement disponibles uniquement dans le cadre de protocoles.Ces deux types d’immunothérapie présentent des effets indésirables spécifiques tels que le syndrome de relargage cytokinique et la neurotoxicité, qui nécessitent une prise en charge multidisciplinaire et coordonnée. Cette nouvelle ère thérapeutique modifie profondément le pronostic de ces pathologies et soulève les questions de leur production et de leur enjeu économique.
Eolia Brissot, Sorbonne Université, Inserm UMR-S 938, centre de recherche Saint-Antoine, service d’hématologie clinique et thérapie cellulaire, hôpital Saint-Antoine, AP-HP, Paris, France
10 mai 2022