Alors qu’une épidémie de chikungunya sévit sur l’île de La Réunion, la vaccination des personnes les plus à risque est en cours de déploiement avec un tout nouveau vaccin. La vaccino-vigilance renforcée instaurée par l’ANSM a rapporté des événements indésirables graves, dont un décès, conduisant le ministère à restreindre le public ciblé par la campagne.

Depuis début 2025, plus de 33 000 cas confirmés biologiquement et 91 500 consultations pour chikungunya ont été recensés à La Réunion, selon les derniers chiffres de Santé publique France. Malgré une baisse des indicateurs en médecine de ville et aux urgences (mais à des niveaux toujours élevés), l’épidémie était toujours en cours mi-avril.

Une campagne de vaccination a été lancée début mars pour faire face à cette situation. Le vaccin utilisé (Ixchiq) est un vaccin vivant atténué contre la souche Δ5nsP3 du virus du chikungunya. C’est le premier vaccin contre le chikungunya à avoir obtenu une AMM en Europe ; il n’est pas recommandé chez la femme enceinte, et est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées.

Des événements indésirables graves confirmés à la suite de la vaccination

Dans le cadre de cette campagne vaccinale, l’ANSM a mis en place une surveillance renforcée grâce à une enquête de pharmacovigilance permettant de suivre les effets indésirables déclarés par les professionnels de santé et les personnes vaccinées. Les signaux de sécurité détectés sont analysés par le comité scientifique permanent de pharmacosurveillance, en lien avec les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), afin de mettre en place des mesures adaptées, le cas échéant.

Le 23 avril, l’ANSM a informé le ministère de la Santé de la survenue de trois événements indésirables graves confirmés survenus à La Réunion chez des personnes de plus de 80 ans ayant des comorbidités  : deux personnes, dont l’une est décédée, ont eu des symptômes similaires à ceux d’une forme grave de chikungunya quelques jours après la vaccination, avec des tableaux neurologiques sévères ; la troisième est sortie d’hospitalisation.

Le lien de causalité avec le vaccin semble très vraisemblable, considérant les symptômes et leur délai d’apparition après la vaccination, ainsi que le résultat des examens biologiques, selon l’analyse du CRPV de Bordeaux.

D’autres cas sont en cours d’investigation : deux autres cas à La Réunion, sortis d’hospitalisation (l’imputabilité à la vaccination doit encore être évaluée), et un cas en métropole dans le cadre d’une vaccination du voyageur (imputabilité plausible).

Nouvelles cibles de la campagne vaccinale

À la lumière de ces nouvelles informations, la HAS a réévalué la balance bénéfices/risques du vaccin Ixchiq et a donc recommandé de suspendre la vaccination contre le chikungunya des sujets de 65 ans et plus, qu'ils aient ou non des comorbidités. Cette décision s’applique à l’ensemble du territoire français, malgré la persistance de l’épidémie à La Réunion (pour les résidents et les voyageurs), dans l’attente de données complémentaires de pharmacovigilance nationales ou internationales.

Selon les recommandations de la HAS, la campagne vaccinale cible les personnes à risque de forme grave et/ou chronique de chikungunya et n’ayant jamais eu dans le passé de diagnostic clinique ou biologique d’infection par ce virus. Ainsi, tenant compte de cette nouvelle restriction, elle concerne désormais seulement :

  • les personnes âgées de 18 à 64 ans avec comorbidités ;
  • les professionnels de la lutte antivectorielle.

Informer les patients des effets indésirables possibles

L’ANSM a rappelé l’importance d’informer les patients des effets indésirables semblables à la maladie de chikungunya pouvant survenir dans les 30 jours suivant la vaccination :

  • fièvre ≥ 38 °C associée à l’un des symptômes suivants :
    • céphalées, arthralgies, myalgies, dorsalgies, éruptions cutanées, lymphadénopathies ;
    • symptômes neurologiques, cardiaques ou oculaires.

D’autres effets indésirables fréquents associés à ce vaccin (pouvant affecter une personne sur 10) sont possibles :

  • nausées, vomissements, diarrhées, fatigue, frissons ;
  • réactions au site d’injection : sensibilité au toucher, douleur, érythème, induration, gonflement ;
  • neutropénie, leucopénie, lymphopénie, augmentation de l’ALAT et de l’ASAT.

Ce sont des effets non graves qui disparaissent en quelques jours. Toutefois, si ces effets indésirables sont particulièrement intenses, le patient doit contacter rapidement un médecin.

En cas de survenue d’effets indésirables graves et/ou inattendus, ils doivent contacter immédiatement le SAMU Centre 15, un médecin ou un pharmacien. Ces effets indésirables doivent être déclarés au centre régional de pharmacovigilance.

Enfin, il est recommandé de surveiller attentivement le patient pendant 15 minutes après l’injection du vaccin, en raison d’un risque de malaise, de réactions anaphylactiques (rares) et de syncopes qui peuvent survenir parfois sans symptômes présyncopaux. Des symptômes de réaction allergique grave peuvent apparaître, très rarement, jusqu’à 72 heures après l’injection : dans ce cas, il est nécessaire d’appeler rapidement le 15.

Une information complète sur les effets indésirables du vaccin Ixchiq est disponible sur des fiches à destination :


Cet article a été mis à jour à la suite de l’alerte donnée par le ministère sur les cas d’événements indésirables graves en lien avec la vaccination, et la restriction subséquente des cibles vaccinales. 

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