C’est un « devoir de prévention négligé », selon l’Académie nationale de médecine, qui déplore une couverture vaccinale des seniors trop faible pour la grippe, le Covid, le pneumocoque et le zona. Comment améliorer cette situation ?

Une couverture vaccinale toujours trop faible

Plus de 90 % des décès imputables à la grippe ou au Covid concernent les plus de 65 ans. Les pneumocoques et les infections à VRS sont responsables d’une morbidité et d’une mortalité élevées dans cette tranche d’âge. Chez les seniors, le risque d’accidents CV est significativement augmenté dans les semaines qui suivent une infection respiratoire. Le déclin fonctionnel observé, avec perte progressive de l’autonomie, est une cause d’invalidité fréquente. Quant au zona, la prévalence dépasse 10/1 000 après 70 ans et les complications douloureuses sont courantes.

Pourtant, malgré la prise en charge par l’Assurance maladie de la vaccination contre la grippe saisonnière et le Covid, et les recommandations de la HAS, la couverture vaccinale des seniors stagne à un faible niveau : 54 % pour le vaccin contre la grippe, 30 % pour le Covid, 5 % pour le pneumocoque et 4 % pour le zona. Lors de l’épidémie de grippe actuelle, 79 % des personnes hospitalisées en réanimation début janvier n’étaient pas vaccinées.

Selon l’Académie, le médecin traitant a un rôle pivot dans la vaccination des seniors. Mais le temps limité de la consultation médicale d’une personne âgée, déjà largement consacré au suivi de maladies chroniques, joue en défaveur de l’attention portée à la vaccination. De plus, l’isolement de certains seniors et le manque de coordination entre les différents acteurs de santé peuvent ajouter à la confusion. Dans le cas particulier des Ehpad, l’augmentation du nombre d’établissements sans médecin coordonnateur limite la vaccination des résidents.

Les recos de l’Académie

L’Académie nationale de médecine préconise que la vaccination des seniors devienne un objectif prioritaire de santé publique. Afin d’améliorer la couverture vaccinale, elle recommande de :

  • Mettre en œuvre une politique nationale de prévention et considérer comme prioritaires cinq maladies cibles : grippe, Covid, infections à pneumocoque et à VRS, zona ;
  • Inciter les professionnels de santé (médecins, mais aussi pharmaciens et infirmiers) à ce que le statut vaccinal des patients âgés soit mis à jour, selon les nouvelles recommandations de la HAS ;
  • Il n’est jamais trop tard pour vacciner une personne âgée, les effets de l’immunosénescence pouvant être surmontés par l’utilisation de nouveaux vaccins ou de nouveaux schémas vaccinaux ;
  • Rendre la vaccination accessible pour les personnes âgées résidant en Ehpad, bénéficiaires de l’Allocation personnalisée d’autonomie vivant à domicile, habitant loin des centres de soins, via les équipes mobiles de vaccination ;
  • Élargir l’usage du carnet de vaccination numérique à l’ensemble de la population et saisir toute opportunité pour mettre à jour les vaccinations des seniors : consultations, hospitalisations, voyages à l’étranger, campagnes de vaccination ;
  • Augmenter significativement le taux de couverture vaccinale chez les professionnels de santé et les aidants au contact de personnes âgées, surtout en période épidémique.

Pour en savoir plus
Buisson Y. Vaccination des seniors.  Rev Prat 2024;74(3);249-52.
Académie nationale de médecine. Vacciner les seniors : un devoir de prévention négligé.  22 janvier 2025.
Martin Agudelo L. VRS : la HAS recommande de vacciner les personnes âgées.  Rev Prat (en ligne) 4 juillet 2024.
HAS. Élargissement des critères d’éligibilité à la vaccination antipneumococcique chez les adultes – Note de cadrage.  28 octobre 2024.
HAS. Recommandations vaccinales contre le Zona. Place du vaccin Shingrix.  7 mars 2024.

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