L’aluminium est utilisé comme adjuvant dans les vaccins non vivants administrés durant la petite enfance. Depuis des années, des inquiétudes subsistent quant à un possible lien entre l’exposition cumulative à l’aluminium via la vaccination et un risque accru d’auto-immunité, d’allergies ou de troubles du neurodéveloppement. Les adjuvants dans les vaccins inactivés sont indispensables pour induire la réponse immunitaire. Employés depuis les années 1920, ceux à base d’aluminium sont les plus utilisés, compte tenu des nombreuses données en faveur de leur sécurité et de leur efficacité. Bien que leur utilisation à l’échelle mondiale depuis des décennies soit considérée comme ayant un rapport bénéfice-risque très favorable par les sociétés savantes et par les instituts de santé, une controverse persiste quant à de potentiels effets indésirables chez certains sujets vaccinés. Ainsi, une équipe de recherche française suggère l’existence d’une entité histologique appelée myofasciite à macrophages, correspondant à une lésion inflammatoire localisée au point d’injection vaccinal liée à l’aluminium contenu dans les vaccins. Si cette dernière est considérée par la majorité des experts comme une « cicatrice vaccinale », l’équipe de recherche l’associe à un syndrome clinique regroupant myalgies, arthralgies, fatigue persistante et troubles cognitifs – association qui n’est pas reconnue par la communauté scientifique. Afin d’y voir plus clair, des épidémiologistes de l’université de Copenhague ont évalué le hazard ratio (HR) d’une cinquantaine de troubles chroniques (36 auto-immuns, 9 atopiques ou allergiques, 5 neurodéveloppementaux) entre 2 et 5 ans chez les enfants nés au Danemark entre 1997 et 2018, en fonction de la dose d’adjuvants aluminiques qu’ils avaient reçue avant l’âge de 2 ans. Plus précisément, le critère de jugement principal était le HR de ces troubles par milligramme d’aluminium vaccinal en plus reçu avant l’âge de 2 ans. Avec sa couverture vaccinale très haute (de 94 à 97 % en 2023), son suivi systématique des vaccinations et son calendrier vaccinal fluctuant dans le temps en exposition cumulée théorique à l’aluminium, le pays nordique se prêtait bien à une étude de la relation dose-effet des adjuvants aluminiques. En revanche, les auteurs n’ont pas comparé les vaccinés aux non-vaccinés, considérant qu’il y avait trop peu d’enfants sans aucun vaccin à 2 ans au Danemark. Au total, 1 224 176 enfants (48,8 % de filles) ont été inclus dans l’étude. Seuls 1,2 % n’avaient reçu aucun vaccin à adjuvants aluminiques avant l’âge de 2 ans. L’exposition cumulée médiane à l’aluminium vaccinal à l’âge de 2 ans était de 3 mg, avec une variation individuelle de 0 à 4,5 mg. L’âge à la fin du suivi médical était de 5 ans. Pour les différents troubles évalués, le HR ajusté pour plusieurs facteurs de confusion (année de naissance, sexe, âge maternel, naissance prématurée, etc.) n’était pas significativement différent, suggérant l’absence de sur-risque pour les vaccinés ayant reçu davantage d’aluminium. Les auteurs indiquent que leur étude n’a pas trouvé de preuves soutenant un risque accru de troubles auto-immuns, atopiques, allergiques ou neurodéveloppementaux associés à une plus forte exposition précoce à l’aluminium des adjuvants.

Référence
Andersson NW, Svalgaard IB, Hoffmann SS, et al. Aluminum-Adsorbed Vaccines and Chronic Diseases in Childhood: A Nationwide Cohort Study.  Ann Intern Med 15 juillet 2025.