Vaincre des cancers par la vaccination paraît maintenant possible. Certains cancers associés à des infections virales sont prévenus par des vaccins : les exemples les plus spectaculaires sont le vaccin contre le virus induisant l’hépatite B et plus récemment le vaccin contre les papillomavirus humains.Si depuis deux siècles les vaccins ont été développés essentiellement pour prévenir des maladies infectieuses, un concept innovant vise à stimuler le système immunitaire pour cibler et éliminer les cellules cancéreuses. Les mutations génétiques de la tumeur au cours de son évolution entraînent en effet la production de néo-antigènes susceptibles de déclencher une réponse immunitaire de type vaccinal. Ce sont des vaccins thérapeutiques. Plusieurs essais cliniques récents confirment cet espoir. Les résultats intermédiaires d’une étude de phase III sur 157 patients atteints de mélanome montrent que l’association d’un vaccin utilisant la technique de l’ARNm avec un inhibiteur de point de contrôle de la réponse immunitaire (anticorps anti-PD1, anti-CTLA- 4 en particulier) réduit d’environ 50 % le risque de récidive et prolonge la survie par rapport à un inhibiteur seul. Cette première preuve de concept est renforcée par des résultats préliminaires intéressants observés par une autre équipe utilisant une technologie similaire dans le cancer du pancréas. Mais de nombreux défis restent à relever, qu’il s’agisse, d’une part, de l’identification des néo-antigènes vaccinaux qui doivent à la fois être spécifiques de la tumeur et immunogènes et, d’autre part, de la prédiction efficace de leur présentation par les molécules HLA de chaque patient pour induire une réponse cellulaire cytotoxique.

Éric Vivier, docteur en médecine vétérinaire et docteur en sciences, membre de l’Académie nationale de médecine

11 juin 2024