La vaginose bactérienne résulte d’un déséquilibre de la flore vaginale : les lactobacilles sont remplacés par des micro-organismes commensaux comme Gardnerella vaginalis, dont la prolifération est responsable des symptômes (leucorrhées malodorantes). La prévalence mondiale de cette affection chez les femmes en âge de procréer est d’environ 30 % ; c’est la cause la plus fréquente de leucorrhées dans cette population.
Les récidives peuvent toucher jusqu’à la moitié des patientes dans les 3 mois après le traitement. Le traitement des partenaires – qui n’est pas recommandé actuellement – a été étudié dans l’objectif de réduire ce taux de récidive… pour l’instant, sans résultat (ce qui conduit les spécialistes à considérer qu’il ne s’agit pas d’une infection sexuellement transmissible). Mais cela pourrait bientôt changer. Un essai randomisé multicentrique, récemment publié dans le NEJM, suggère que le traitement du partenaire est bien efficace dans cette indication.
Un risque de récidive diminué de plus de 60 %
Si les études antérieures sur le traitement du partenaire n’ont montré aucun bénéfice, elles avaient des limites importantes, dont une absence d’évaluation de l’observance et l’utilisation de schémas à dose unique et/ou uniquement par voie orale, ce qui est probablement insuffisant pour éliminer le portage pénien cutané de micro-organismes associés à la vaginose.
Dans cette étude, plus de 160 couples d’adultes ont été recrutés en Australie entre 2019 et 2023. Il s’agissait de couples hétérosexuels, monogames depuis au moins 8 semaines, dans lesquels la femme avait reçu un diagnostic de vaginose bactérienne. La plupart des participantes avaient des facteurs de risque de récidive : 87 % avaient des antécédents de vaginose, 80 % un partenaire non circoncis et près d’un tiers avaient un dispositif intra-utérin.
Toutes les femmes recevaient le traitement de 1re ligne : comprimés de métronidazole 400 mg deux fois par jour pendant 7 jours ou, en cas de contre-indication, crème de clindamycine 2 % par voie intravaginale pendant 7 nuits ou gel de métronidazole 0,75 % par voie intravaginale pendant 5 nuits.
Les couples ont été aléatoirement répartis à parts égales dans deux groupes. Dans le groupe traité, les partenaires recevaient le même traitement oral par métronidazole complété par l’application de crème de clindamycine 2 % sur le gland et la partie supérieure de la verge deux fois par jour pendant 7 jours. Dans le groupe contrôle, les partenaires n’étaient pas traités (méthode standard).
La récidive de la vaginose bactérienne chez la femme dans les 12 semaines suivant le début du traitement était le critère primaire de jugement. Elle a été observée chez 35 % des femmes dont le partenaire était traité, contre 63 % de celles du groupe contrôle ; de plus, le délai moyen jusqu’à la récidive était respectivement de 73,9 jours et 54,5 jours. Ainsi, sur l’ensemble de la période de suivi, le risque d’avoir une récidive était diminué de 63 % chez les femmes dont le partenaire était traité par rapport aux autres (hazard ratio = 0,37 ; IC95 % : 0,22 à 0,61). Les principaux effets indésirables observés chez les hommes traités comprenaient des nausées, des céphalées et un goût métallique en bouche.
L’infériorité de la méthode standard (non-traitement du partenaire) et les données de sécurité ont donc conduit à l’interruption de l’essai lors de l’analyse intermédiaire des 150 premiers couples.
Ces résultats sont en faveur de l’efficacité d’un traitement combiné (oral et topique) du partenaire pour prévenir les récidives de vaginose bactérienne chez les femmes qui en sont atteintes. De plus, ils s’ajoutent à d’autres données – épidémiologiques, microbiologiques… – en faveur de la reclassification des vaginoses bactériennes en tant qu’infection sexuellement transmissible.