L’Observatoire annuel de la sécurité des médecins est une enquête conduite chaque année par l’institut Ipsos pour le Cnom, qui recueille les déclarations d’incidents et d’agressions signalées aux conseils départementaux de l’Ordre.
Pour l’année 2023, 1 581 fiches de déclaration d’incidents ont été collectées par auto-questionnaire, permettant d’analyser les tendances quant au mode d’exercice des médecins victimes, au type d’agression et leurs motifs, ou encore aux suites données par les médecins.
Les déclarations d’actes violents augmentent
Le nombre de déclarations a plus que doublé en 20 ans, passant, de façon quasi-constante, d’un peu plus de 600 pour l’année 2003 à près de 1 600 pour 2032.
Par rapport à 2022, l’augmentation a été de 27 % (1 244 déclarations contre 1 581 en 2023), des résultats que le Cnom juge « particulièrement préoccupants ».
Les médecins généralistes semblent être les plus concernés, puisqu’ils sont à l’origine de 64 % des déclarations. Cette proportion est en légère baisse par rapport aux années précédentes, mais est relativement stable depuis les années 2000. Les autres spécialités les plus représentées en 2023 ont été les psychiatres (3 %), suivis des ophtalmologues, médecins du travail, gynécologues et cardiologues.
Les régions les plus concernées (> 150 déclarations) étaient : les Hauts de France, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Nouvelle-Aquitaine (> 200), l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Près de trois quarts des déclarations proviennent de médecins de ville ; l’exercice en milieu urbain est majoritaire (72 %), le milieu rural représentant un quart des déclarations.
Enfin, les femmes représentent 56 % des médecins déclarant des violences.
Agressions verbales en hausse, vols en baisse
Dans plus de 60 % des cas, les patients sont les auteurs de l’acte violent ; dans 16 % des cas, il s’agit d’une personne accompagnant le patient.
La part des agressions verbales et menaces parmi tous les incidents a augmenté au cours des 20 dernières années, passant d’environ 40 % à plus de 70 % en 2023 (chiffre stable depuis quelques années). À l’inverse, la part des agressions physiques rapportées a diminué de moitié, s’établissant à 8 % aujourd’hui, et celle de vols ou tentatives de vols est passé d’un tiers des déclarations à 8 %.
Parmi les atteintes aux biens, la falsification d’ordonnances figure en troisième place derrière le vol et le vandalisme (respectivement 8 et 7 %). De plus, ce sont les ordonnanciers et les tampons professionnels qui sont les plus concernés par les vols.
Un reproche sur la prise en charge ou un refus de prescription est invoqué comme le motif de l’agression dans la majorité des cas (près de 60 %).
Seul un tiers des médecins porte plainte
La grande majorité des médecins victimes de violences en 2023 (62 %) n’ont déposé ni plainte ni main courante ; un tiers ont déposé plainte (mais la proportion était plus élevée parmi les victimes d’agressions physiques, vols et vandalisme) et moins de 10 % ont déposé une main courante.
Si les auteurs du rapport soulignent que les chiffres sont à interpréter avec prudence car l’échantillon n’est pas représentatif (faiblesse des effectifs et caractère déclaratif des informations recueillies), la hausse des actes violents rapportés est en effet alarmante.
Le Cnom a donc appelé les pouvoirs publics à renforcer la protection des soignants. Il encourage également les médecins à signaler tout incident à leur conseil départemental de l’Ordre et rappelle qu’il est « présent pour accompagner les médecins dans les démarches contre ces violences » : un dispositif d’écoute et d’accompagnement est mis à disposition via le service d’entraide de tous les conseils départementaux.