Mononucléose infectieuse

Un patient de 24 ans, sans antécédents notables, consulte pour une odynophagie et un syndrome pseudogrippal sans fièvre. L’examen clinique révèle une angine érythémato-pultacée. Les strepto-tests étant en rupture de stock, le patient est traité par amoxicilline. Quatre jours après, il est revu en consultation pour apparition d’une éruption maculopapuleuse du tronc et des avant-bras principalement (figures). Une sérologie EBV (virus d’Epstein-Barr) est réalisée ; le résultat est en faveur d’une primo-infection.

La mononucléose infectieuse est une maladie liée à l’EBV, dont la transmission s’effectue principalement par la salive ou par voie sexuelle.1,2 Plus de 90 % des adultes de la population mondiale possèdent des anticorps contre l’EBV, qu’ils hébergent à l’état latent.3 

Les symptômes principaux sont la fièvre, l’asthénie et une angine.2 L’angine est le plus souvent de type érythémato-pultacée mais une forme pseudo membraneuse – dont le diagnostic différentiel principal est la diphtérie – est possible.4 L’asthénie peut durer plus de 6 mois.5

Le principal risque de cette pathologie est la rupture splénique sur splénomégalie qui peut survenir hors de tout contexte traumatique.1 Des complications hématologiques de type anémie hémolytique et thrombocytopénie peuvent également survenir.5 

Le diagnostic positif repose sur la possible réalisation d’un test de diagnostic rapide (MNI-test), mais surtout d’une sérologie.4 En cas de primo-infection, la sérologie met en évidence des immunoglobulines M (IgM) et éventuellement des IgG anti-VCA (dirigés contre l’antigène de la capside virale de l’EBV), en l’absence d’IgG anti-EBNA (dirigés contre l’antigène nucléaire de l’EBV).

La prise en charge est symptomatique, comportant une éviction du sport (surtout à risque traumatique) pendant 3 semaines en vue de réduire le risque de rupture splénique. En cas de formes graves – perturbations hématologiques importantes ou dyspnée par obstacle secondaire en lien avec l’angine –, un traitement par corticoïdes peut être instauré.5

Une éruption morbiliforme est observée dans 3 à 19 % des cas d’infection par l’EBV. Elle touche le plus souvent le tronc et les membres supérieurs et n’a pas de spécificité clinique.6 En cas de traitement par aminopénicilline, la fréquence de cette éruption atteint les 90 à 100 %. Il ne s’agit pas d’une allergie ; en cas de confirmation d’une primo infection par l’EBV, les traitements peuvent être poursuivis normalement sans précaution particulière.6 Pour prévenir ce type de complications, il est recommandé de recourir au score de Mac Isaac (tableau) et aux tests de dépistage rapide (TDR) streptococcique afin d’éviter les prescriptions inutiles d’antibiothérapie.7

Références 
1. Valachis A, Kofteridis D. Mononucleosis and Epstein-Barr virus infection: treatment and medication. Virus Adaptation and Treatment 2012;4(1):23-8.
2. Odumade OA, Hogquist KA, Balfour HH Jr. Progress and problems in understanding and managing primary Epstein-Barr virus infections. Clin Microbiol Rev 2011;24(1):193-209.
3. Fourcade G, Germi R, Guerber F, et al. Evolution of EBV seroprevalence and primary infection age in French hospital and a city laboratory network, 2000-2016. PLoS One 2017;12(4):1-12.
4. Van Den Abbeele T. Angines et pharyngites de l’enfant et de l’adulte. Rev Prat 2004;54(9):991-993.
5. Ebell MH. Epstein-Barr virus infectious mononucleosis. Am Fam Physician 2004;70(7):1279-87.
6. Wetterwald E, Aractingi S. Exanthèmes viraux. EMC Dermatologie 2003;37(1):1-8.
7. Aubert JP, Lepoutre B, Rabany P. TDR : quand l’utiliser ? Rev Prat Med Gen 2003;17(633):1581-84.
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La Revue du Praticien Médecine Générale

Traumatisme de lavements évacuateurs

Une patiente de 86 ans se plaint de douleurs anales et de saignements. Elle est hospitalisée en gériatrie depuis deux semaines pour bilan de chutes et de perte d’autonomie. L’alitement ayant aggravé sa constipation chronique, des lavements évacuateurs lui ont été administrés. L’examen clinique révèle une ulcération de la marge anale (fig. 1).

Le traumatisme de lavements évacuateurs est une cause rare mais classique d’ulcération anale. Le contexte est évocateur : cette complication survient le plus souvent chez des personnes âgées et/ou grabataires ne pouvant réaliser elles-mêmes le lavement. La canule est introduite en biais dans le canal anal, traverse la muqueuse, puis l’instillation entraîne un décollement des tissus sur le versant cutané et muqueux.

L’ulcération se situe au niveau de la marge anale mais peut se prolonger jusqu’au bas rectum (fig. 2). Elle est souvent large, creusante, possiblement nécrotique et/ou surinfectée.

Les principaux diagnostics différentiels sont les ­tumeurs – dans leur forme ulcérée – et les ulcérations de ­la maladie de Crohn, ainsi que certaines ulcérations infectieuses ou post-radiques.

En général, l’arrêt des lavements suffit à obtenir une cicatrisation des lésions en quelques semaines. Des soins locaux non spécifiques peuvent être utiles. L’antibiothérapie et la chirurgie sont rarement nécessaires mais peuvent être proposées en cas de surinfection bactérienne. Le traitement est avant tout préventif et repose sur l’administration douce des lavements évacuateurs dans ce contexte.

Pour en savoir plus
de Parades V, Sultan S, Bauer P. Complications ano-rectales et coliques des suppositoires et des lavements. Gastroenterol Clin Biol 1996;20(5):446-52.
Puia I, Pommaret E, Spindler L, et al. Hémorragies rectales sévères après lavements évacuateurs. Presse Med 2019;48(5):578-80.
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