La HAS publie un guide sur l’activité physique chez l’enfant et l’adolescent et sa place dans la consultation de médecine générale. L’objectif est d’aider les soignants à repérer les enfants inactifs ou sédentaires, à identifier ceux ayant des risques ou des CI, et à prescrire activité physique et APA.

Sensibiliser dès le plus jeune âge

Aujourd’hui en France, parmi les jeunes âgés de 6 à 17 ans, 2 sur 3 pratiquent moins de 60 minutes d’activité physique (AP) et passent plus de 2 h devant un écran par jour, avec des conséquences délétères sur leur santé, tant physique que mentale. Il est donc crucial de sensibiliser tôt aux bienfaits de l’activité physique et aux risques liés à la sédentarité. L’enfance jusqu’à la fin de l’adolescence est une période idéale pour instaurer des habitudes de vie saines. Face à cet enjeu, la HAS a publié le 19 novembre 2025 une synthèse sur l’AP chez l’enfant (dont l’adolescent), ainsi qu’un guide sur les AP à des fins de santé et une synthèse sur la place de l’AP dans la consultation pédiatrique standard.

La consultation pédiatrique standard est l’occasion pour le médecin généraliste de dépister de façon systématique les enfants inactifs et/ou sédentaires, mais aussi de repérer les (rares) cas de contre-indications aux APet les signes d’alerte nécessitant une vigilance particulière pour la pratique des AP.

Interrogatoire et examen physique : que rechercher ?

La HAS souligne l’importance de prendre en compte les interactions de l’enfant avec ses parents : la pratique d’AP ou sportives et le mode de vie de la famille sont essentiels en termes de transmission chez les jeunes. Les questions à aborder à l’interrogatoire sont indiquées ci-dessous.

Habitudes de vie et environnement de l’enfant

Rechercher :

  • les activités physiques et sportives actuelles de l’enfant en milieu scolaire, en club et/ou association sportive et en famille ;
  • les pratiques d’AP antérieures et les causes d’arrêt (blessure, symptômes pendant les AP, perte de motivation, difficultés financières ou en lien avec l’environnement…) ;
  • les AP ou sportives envisagées, avec l’état de motivation de l’enfant et de ses parents pour celles-ci ;
  • le temps passé à des comportements sédentaires, dont ceux devant un écran récréatif (le temps passé devant les écrans étant le principal frein à la pratique d’activité physique selon la HAS) ;
  • les freins propres à l’enfant et à l’adolescent (image négative de soi et de son corps), à son entourage et à son environnement (représentations de l’AP de la famille en cas de maladie ou de handicap par exemple).

Antécédents personnels et familiaux

Il est important de repérer les situations à risque d’un événement CV grave à la pratique d’AP d’intensité élevée justifiant un avis cardiologique (notamment les antécédents familiaux de pathologies CV héréditaires ou congénitales ou de mort subite chez un parent du 1er degré avant 50 ans, cf. encadré 1), mais aussi les antécédents personnels de l’enfant pouvant interférer avec la pratique d’une AP d’intensité élevée (pathologies de l’appareil ostéoarticulaire, maladie chronique, antécédents chirurgicaux, troubles psychologiques, handicap…).

Symptômes à l’exercice

Des symptômes lors ou au décours de l’effort peuvent justifier une exploration diagnostique ou l’adaptation d’un traitement ou d’un avis spécialisé avant la reprise des AP : manifestations d’allure cardiovasculaire (douleur thoracique, malaises, palpitations, dyspnée anormale, cf. encadré 1), douleurs ostéoarticulaires sans notion de traumatisme, autres symptômes généraux à l’effort…

Examen physique pédiatrique

Il doit être complet, avec une attention particulière pour le système cardiorespiratoire et ostéoarticulaire, et selon les éléments repérés à l’entretien de l’enfant avec ses parents.

Contre-indications et limitations aux AP

Il n’existe pas de contre-indication totale et définitive à l’AP chez l’enfant. Elles sont le plus souvent temporaires, en l’attente de la résolution ou du contrôle de la pathologie, ou partielles et concernent une zone corporelle ou certains mouvements ou la réalisation de certaines pratiques sportives ; elles sont indiquées dans l’encadré 2.

Par ailleurs, la HAS rappelle que la pratique d’AP ou sportive n’est pas contre-indiquée chez l’enfant asthmatique ou en surcharge pondérale – les deux pathologies chroniques les plus fréquentes chez l’enfant. Bien au contraire, elle est bénéfique et doit être adaptée en conséquence.

Identifier les signes d’alerte

L’encadré 3 rapporte les signes d’alerte pouvant être relevés après l’entretien et l’examen physique de l’enfant. Ces signes peuvent justifier une consultation plus approfondie, un entretien de motivation en cas de frein à la pratique d’AP, des examens complémentaires ou un avis spécialisé en cas de situation à risque.

Prescrire l’activité physique et l’APA

La seule activité physique et sportive pratiquée à l’école ne suffit pas. Selon la HAS, le praticien doit encourager la pratique d’AP sous toutes ses formes  : déplacements et actions du quotidien, loisirs actifs pratiqués seul, entre amis ou en famille, les activités sportives scolaires et périscolaires, encadrées en club, association ou centre de loisirs. Le principal levier de motivation est le plaisir.

Pour rappel, les enfants et les adolescents de 5 à 17 ans en bonne santé devraient pratiquer au moins 60 minutes par jour d’AP aérobie d’intensité modérée à soutenue (avec des activités de renforcement musculaire et de l’état osseux au moins trois fois par semaine).

En cas de maladie chronique, de facteur de risque ou de situation de handicap, le médecin peut prescrire de l’AP ou un programme en APA en s’appuyant sur la classification en 4 niveaux, sur la définition des programmes en APA et sur ses conditions de prescription définies pour l’adulte. Il y a en effet encore trop peu de données pour élaborer des recommandations spécifiques chez les enfants et les adolescents.

Encadre

1. Les situations à risque d’événement cardiovasculaire potentiellement grave à l’exercice chez l’enfant justifiant un avis spécialisé cardiologique

  • Antécédents familiaux de pathologies CV héréditaires ou congénitales, ou de mort subite chez un parent du 1er degré avant 50 ans ;
  • signes fonctionnels notamment à l’effort : dyspnée, douleur thoracique, palpitations, malaise, syncope à l’effort ;
  • signes CV à l’examen physique : hypertension artérielle, souffle cardiaque, asymétrie des pouls ou de la pression artérielle ;
  • signes cliniques évocateurs d’une maladie de Marfan ;
  • prudence en cas de handicap physique à risque de retentissement sur le système CV (myopathies, traumatisme médullaire, syndrome polymalformatif, etc.).
Encadre

2. Les contre-indications et limitations aux activités physiques

CI temporaires pour les AP d’intensité élevée :

  • toutes les pathologies aiguës ;
  • toutes les pathologies chroniques décompensées ou non stabilisées ;
  • dénutrition sévère.

CI temporaires aux AP pour la zone concernée :

  • les pathologies traumatiques non consolidées ;
  • les pathologies ostéo-articulaires en poussée inflammatoire ;
  • une escarre ou une plaie évolutive ou chronique selon sa gravité et sa localisation (exemples : localisée sur une zone d’appui, de contact ou à risque de frottement lors de l’AP ; à risque de complication liée à l’activité (piscines, sable, terre, etc.)).

NB : Les escarres sans risque d’appui, de frottement, et protégées par un pansement bien réalisé, si nécessaire hermétique, ne sont pas une CI à la pratique d’AP.

Encadre

3. Les signes d’alerte pouvant être relevés lors de la consultation pédiatrique standard

Enfant asymptomatique :

  • antécédent de cardiopathie familiale congénitale ou héréditaire / avis cardiologique ;
  • antécédent d’arrêt de pratique pour raison médicale ;
  • antécédent de blessure grave lors de la pratique d’une AP.

Enfant symptomatique ou atteint d’une pathologie/déficience :

  • signes ou symptômes à l’effort ou au repos / examens complémentaires ou avis spécialisé ;
  • facteur de risque, en particulier surcharge pondérale ;
  • maladie chronique / avis spécialisé le plus souvent dans le cadre du suivi de la pathologie ;
  • situation de handicap / avis spécialisé le plus souvent dans le cadre du suivi du handicap.

Selon le type de pratique sportive envisagée :

  • réponse(s) positive(s) au questionnaire du sportif mineur / CACI ;
  • pratique d’un sport à contraintes particulières / CACI, selon la règlementation ;
  • pratique sportive intensive ou de haut niveau, avec ses risques propres / avis en médecine du sport ;
  • pratique sportive en pré-filière de haut niveau / suivi règlementé en médecine du sport.

Selon l’environnement de l’enfant :

  • environnement familial et social : parents peu enclins aux AP ou aux pratiques sportives pour leur enfant, représentation négative des AP par les parents, ou inversement, pression exagérée exercée par l’entourage (amis, familles, entraîneurs) avec une notion de performance ou une nécessité de résultats / entretien motivationnel ;
  • environnement construit : obstacle à la pratique, avec un manque d’infrastructures proches du domicile ou accessibles (possibilité de transport, coûts), en particulier pour les enfants en situation de handicap, problèmes de sécurité, etc.

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