De nombreuses études démontrent les effets bénéfiques de l’activité physique, mais aussi de l’exposition à l’environnement extérieur, sur les fonctions cognitives des enfants. Toutefois, la littérature est peu loquace sur la synergie de ces deux effets, qui nécessite de mettre en balance l’impact cognitif d’activités physiques menées en intérieur ou en extérieur. Des chercheurs de l’Université Nottingham Trent (Royaume-Uni) ont tenté d’élucider cette question via une étude expérimentale.
45 participants inclus
L’objectif de cette recherche était de comparer les effets de séances d’activités physiques identiques, réalisées en extérieur et en intérieur, sur les performances cognitives d’enfants. 45 participants âgés de 11 à 13 ans (47 % de filles) issus de deux collèges du Royaume-Uni ont réalisé deux séances d’exercices, une en intérieur et une en extérieur, selon un ordre aléatoire, à au moins une semaine d’intervalle.
Chaque séance de 30 minutes était composée de la même séquence d’exercices (échauffements, partie de basket et retour au calme), dans des conditions comparables (taille du groupe, dimensions du terrain de jeu, équipement sportif et éducateur), à l’exception de l’environnement (intérieur/extérieur). Avant chaque séance, immédiatement après et 45 minutes après, les participants ont réalisé une série de tests cognitifs mesurant les fonctions exécutives du cerveau, notamment le contrôle inhibiteur, la mémoire de travail et l’attention (test de Stroop, paradigme de Sternberg et tâche de Flanker). Le niveau d’activité physique des participants (suivi du rythme cardiaque et GPS) et leur satisfaction à chaque séance (via un questionnaire standard) ont également été analysés.
Une amélioration significative à l’extérieur
Les résultats sont parus en 2025 dans Physiology & Behavior .1 L’ensemble des facteurs cognitifs évalués a été significativement amélioré lorsque l’activité physique se déroulait en extérieur. Par exemple, les résultats du test de Stroop ont montré une amélioration significative de la précision et du temps de réaction 45 minutes après une séance en extérieur versus en intérieur (94 millisecondes plus rapide vs 20 millisecondes plus rapide ; p = 0,002).
Même si le niveau d’activité physique (distance totale parcourue et nombre total de sprints effectués) était supérieur lors des séances en intérieur, les fonctions cognitives étaient plus nettement améliorées lors des séances en extérieur. Ces observations démontrent, selon les auteurs, que les bénéfices cognitifs observés lors des activités physiques extérieures ne résultaient pas d’un surcroît d’activité physique, mais de l’environnement lui-même.
Cette étude se fonde certes sur un échantillon relativement restreint (en termes de nombre de participants, diversité de provenance et tranche d’âge), mais elle offre un nouvel éclairage sur les bénéfices de l’activité physique en extérieur sur les fonctions cognitives des enfants. Elle pourrait servir à la conception d’activités physiques destinées aux enfants, notamment dans les écoles, faisant ainsi écho aux objectifs du Programme national nutrition santé2 et de la Stratégie nationale sport-santé.3 Rappelons qu’en France, 37 % des 6 - 10 ans et 73 % des 11 - 17 ans n’atteignent pas les recommandations en matière d’activité physique.4
2. Ministère du travail, de la santé, des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées. Programme national nutrition santé (PNNS) – Professionnels. 31 mars 2025.
3. Sports.gouv.fr. Stratégie Nationale Sport-Santé 2025–2030. 5 septembre 2025
4. Santé publique France. Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 3 novembre 2020, n°HS Activité physique en prévention et traitement des maladies chroniques. 3 novembre 2020.