Un essai randomisé contrôlé français révèle que l’activité physique peut réduire l’instabilité des plaques d’athérome carotidiennes chez des patients asymptomatiques pour lesquels la chirurgie n’est pas indiquée.

Si les plaques d’athérome carotidiennes instables sont associées à un risque accru d’AVC, la prise en charge des patients asymptomatiques fait l’objet de débat :1 la littérature récente semble indiquer que la chirurgie ne fait pas mieux qu’un traitement médicamenteux.

Par ailleurs, une étude observationelle2 a suggéré que les patients ayant un niveau d’activité physique modéré à élevé (> 900 équivalents métaboliques de la tâche [MET].min/semaine) auraient moins de plaques carotidiennes hémorragiques que ceux ayant un faible niveau d‘activité physique (< 900 MET.min/semaine). Compte tenu de ces résultats ainsi que des bienfaits de l’activité physique sur l’athérogénèse et le risque ischémique, il pourrait être pertinent d’inclure l’activité physique dans le traitement médical optimal des patients ayant une sténose carotidienne > 50 %, lorsque la chirurgie n’est pas recommandée.

Cependant, jusqu’à présent, aucune étude n’avait évalué l’effet de l’activité physique sur le risque de rupture de plaque chez les patients asymptomatiques ayant une sténose carotidienne > 50 %, et spécifiquement sur l’hémorragie intraplaque (IPH), qui est le meilleur marqueur in vivo de l’instabilité des plaques et du risque ischémique.

Marcher, c’est bénéfique

Ainsi, des médecins des Hospices civils de Lyon ont monté une étude randomisée contrôlée monocentrique.3 Les patients inclus avaient des plaques d’athérome carotidiennes détectées par échographie Doppler, une sténose carotidienne ≥ 50 % (NASCET), ne devaient pas avoir subi d’événement ischémique dans les 6 mois précédents et ne devaient pas rentrer dans les indications de l’endartériectomie carotidienne.

L’objectif principal de l’essai était d’évaluer la variation du score d’hémorragie intraplaque (évalué par IRM et allant de 0 à 3) entre le groupe contrôle et le groupe intervention (activité physique) après 6 mois. L’intervention consistait à marcher 7 000 pas/jour ou bien à augmenter son activité de marche de 30 % par rapport aux deux semaines précédant l’étude. Afin de contrôler sa réalisation, l’activité était évaluée par un bracelet électronique, et un instructeur physique appelait les patients toutes les deux semaines pour proposer des conseils.

Les résultats sont parus fin avril dans eClinicalMedicine . Sur les 74 patients requis pour atteindre la puissance statique voulue initialement, seuls 52 ont participé – probablement à cause de difficultés de recrutement pendant la pandémie de Covid, selon les auteurs. Le score d’hémorragie intraplaque est réduit de façon significative dans le groupe activité physique par rapport au groupe contrôle (différence de score = - 0,32 ± 0,15 ; IC 95 % = [- 0,63 ; - 0,01] ; p-value = 0,04). Ainsi, une activité physique d’intensité modérée (marche) pourrait être bénéfique chez ces patients. Cependant, compte tenu du faible nombre de patients inclus, ces données doivent être confirmées par un essai multicentrique plus large et puissant.

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