Devant l’augmentation des prescriptions de vitamine D sous forme de compléments alimentaires, les sociétés savantes de pédiatrie alertent sur les risques liés à ces produits et réitèrent la recommandation de ne prescrire que les formes médicamenteuses.

L’administration de compléments alimentaires à base de vitamine D aux enfants augmente, ont averti plusieurs sociétés savantes dont la Société française de pédiatrie et l’Association française de pédiatrie ambulatoire. La préférence pour ces formes plutôt que pour les formes médicamenteuses touche non seulement les parents mais parfois aussi des professionnels de santé de la petite enfance, en raison d’appréhensions sur la composition de ces dernières.

Or, d’une part, ces appréhensions ne sont pas fondées, puisque les données disponibles ne permettent pas d’établir un lien entre la présence de certains arômes ou excipients dans les préparations médicamenteuses de vitamine D et la survenue de pathologies pédiatriques. D’autre part, les compléments alimentaires, moins bien contrôlés, engendrent plusieurs risques, pouvant mener notamment à des surdosages :

  • concentration de vitamine D parfois très élevée dans les compléments (jusqu’à 10 000 UI par goutte), contrairement aux médicaments ;
  • absence d’affichage des recommandations de doses en fonction de l’âge ou risque de mauvaise lecture de l’étiquette ;
  • présence sur le marché d’un nombre élevé de produits avec des concentrations différentes, créant de la confusion ;
  • coexistence dans un même complément d’autres vitamines (par exemple, la vitamine K, pour laquelle il n’existe pas de recommandation pour une administration quotidienne à des enfants) ou de calcium à forte dose ; ou association de compléments alimentaires entre eux ou en supplément d’un médicament ;
  • certains compléments achetés sur internet peuvent être non conformes à la réglementation.

Quels sont les risques ?

Les risques de surdosage en vitamine D mais aussi en calcium sont réels. Des cas d’intoxications en raison des très fortes concentrations en vitamine D présentes dans ces compléments alimentaires ont été signalés : lithiases rénales, hypercalcémies sévères, néphrocalcinose, nécessitant des hospitalisations chez des nourrissons auparavant en bonne santé.

En 2023, l’ANSM avait déjà alerté sur ces mêmes risques après avoir reçu des signalements de cas de surdosages.

Des risques de fausse route pour l’enfant sont aussi évoqués, lorsque le complément alimentaire contient, au contraire, de faibles concentrations pouvant nécessiter des volumes d’administration plus importants de solution huileuse.

Pour toutes ces raisons, les sociétés savantes de pédiatrie rappellent que la prescription de vitamine D sous forme de complément alimentaire doit être bannie, seules les formes médicamenteuses doivent être prescrites. Elles ne préconisent pas une spécialité plutôt qu’une autre, laissant le choix du médicament à chaque praticien, mais rappellent que la formulation d’Adrigyl ne comporte plus de butylhydroxytoluène (la liste des excipients varie en fonction des différentes présentations).

Les posologies actuellement recommandées pour les enfants, en fonction de l’âge, sont résumées dans le tableau ci-contre.

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