La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière démarre en ville le 22 octobre 2021 (le 18 dans les Ehpad et établissements de santé) avec certaines particularités et la mise à disposition d’un nouveau vaccin. Ce qu’il faut savoir, tableaux synthétiques à l’appui.
Qui vacciner ?
Anticipée cette année, la vaccination sera réservée en priorité, durant les premières semaines (22 octobre au 22 novembre), aux personnes ciblées par les recommandations vaccinales (v. tableau ci-dessous). À partir du 23 novembre, la campagne vaccinale sera ouverte à toute la population, au-delà de la cible recommandée et en fonction des estimations de la couverture vaccinale de la population prioritaire.
Les patients prioritaires sont normalement déjà munis d’un bon de prise en charge par l’Assurance maladie ; ceux qui ne l’ont pas reçu mais qui répondent aux critères d’éligibilité peuvent s’en faire éditer un par un professionnel autorisé à vacciner (médecin, sage-femme, infirmier, pharmacien).
(Tableau à télécharger ici)
Quel vaccin selon le patient ?
Cette année, 3 vaccins tétravalents sont disponibles :
– Influvac Tetra et Vaxigrip Tetra : à dose standard d’antigènes. Avant 3 ans, seul Vaxigrip Tetra peut être utilisé ; à partir de 3 ans, ils peuvent être utilisés indifféremment.
– Efluelda : nouveau vaccin haute dose (4 fois plus dosé en antigènes), pour compenser l’immunosénescence chez les sujets âgés. Il est indiqué à partir de 60 ans (selon AMM), mais n’est recommandé et remboursé qu’à partir de 65 ans. Pour rappel, lors de la campagne 2020-2021, des doses de son équivalent américain, Fluzone High-Dose Quadrivalent, avaient déjà été mises à disposition.
Le schéma vaccinal est le suivant :
Source : Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2021. Ministère des Solidarités et de la Santé, juillet 2021.
Articulation avec la vaccination contre le Covid
La majeure partie des publics prioritaires ciblés par cette campagne de vaccination antigrippale est également concernée par l’administration d’une dose de rappel (ou d’ailleurs d’une première vaccination, le cas échéant) contre le Covid-19. Pour ces patients, ces deux vaccinations sont essentielles afin d’éviter des formes sévères de ces deux pathologies. Pour mener à bien les deux campagnes en simultané, la HAS a recommandé :
1. De vacciner contre la grippe et le Covid-19 lors du même rendez-vous : la co-administration de ces vaccins (un vaccin dans chaque bras) est bien tolérée et capable d’induire une réponse immunitaire inaltérée, selon une étude anglaise récente (randomisée contre placebo ; incluant femmes enceintes, personnes aves comorbidités, immunodéprimées ou âgées de 65 ans ou plus).
2. Si cette co-administration est impossible, il n’y a pas de délai à respecter entre les deux injections. Cette règle s’applique par ailleurs à toute association entre les vaccins contre le Covid et les autres vaccins du calendrier vaccinal.
Nouvelle étude : un bénéfice cardiovasculaire du vaccin antigrippal ?
Une étude récemment publiée dans la revue Circulation suggère que vacciner contre la grippe dans les suites d’un infarctus du myocarde diminue le risque de décès toutes causes confondues, d’infarctus du myocarde ou de thrombose sur stent au cours de l’année suivant la vaccination.
Cet essai randomisé contre placebo, mené dans 8 pays entre octobre 2016 et février 2020, a inclus plus de 2 500 patients d’âge moyen 60 ans. Ils ont reçu soit le vaccin contre la grippe soit de la solution saline, dans les 72 heures suivant un infarctus du myocarde (99,7 % des patients), ou en cas de maladie coronarienne stable à haut risque (0,3 % des patients).
Dans les 12 mois suivants, le groupe vacciné avait un risque réduit de 28 % de décès toutes causes confondues, d’infarctus ou de thrombose de stent à 12 mois (critère composite principal), par rapport au bras placebo. Le risque de décès toutes causes et de décès d’origine cardiovasculaire était diminué de 41 %.
Cela pourrait s’expliquer, d’après les auteurs, par l’activation immunitaire précoce induite par le vaccin antigrippal (stimulant en particulier les voies de signalisation de l’interféron, tout en abaissant la production de cytokines pro-inflammatoires), qui pourrait ainsi provoquer un effet anti-inflammatoire et de stabilisation de la plaque athéromateuse. Par ailleurs, si la grippe peut favoriser un événement cardiovasculaire, donc majorer le risque de récidive d’accident cardiovasculaire, le vaccin antigrippal contribuerait logiquement à diminuer ce risque en protégeant contre l’infection.
Laura Martin Agudelo, La Revue du Praticien
Pour en savoir plus :
DGS. Articulation des campagnes de vaccination contre la grippe saisonnière et la Covid-19. 18 octobre 2021.
Paitraud D. Vaccination contre la grippe : focus sur la saison 2021/2022 et ses particularités.Vidal 19 octobre 2021.
Thelliez P. Vaccination antigrippale : un autre médicament à visée cardiovasculaire ? Vidal 19 octobre 2021.
Nobile C. Co-vaccination Covid/grippe : quelle tolérance ? Rev Prat (en ligne) 22 octobre 2021.