L’Institut national du cancer (IncA) vient de dresser un état des lieux des cancers en France. Le rapport illustre certains progrès – comme l’amélioration du taux de mortalité – mais alerte sur l’augmentation hors norme de l’incidence de certains cancers dans la population féminine. Explications…

Le taux d’incidence a diminué chez les hommes mais augmenté chez les femmes

Entre 1990 et 2023, le nombre de nouveaux cas de cancers a doublé pour les deux sexes, toutes localisations confondues. En 2023, 433 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en France, avec un âge médian au diagnostic de 70 ans chez les hommes et 68 ans chez les femmes. L’InCa explique cette hausse principalement par :

  • l’évolution démographique du pays : accroissement et vieillissement de la population ; il est estimé que ce facteur explique plus des trois quarts de l’augmentation des cancers masculins et plus de la moitié de celle des cancers féminins observée dans les 30 dernières années ;
  • par les changements dans les risques de survenue du cancer : obésité, tabagisme, consommation d’alcool, voire expositions environnementales…
 

Une troisième explication peut y être ajoutée, non mentionnée dans le rapport de l’InCa : l’amélioration des méthodes de dépistage et de diagnostic.

En revanche, l’évolution du taux d’incidence standardisé diffère : chez les hommes, il a augmenté jusqu’en 2005 avant de diminuer, puis de se stabiliser depuis 2012, alors que chez les femmes il a augmenté de manière continue depuis 1990.

Quant à la mortalité liée aux cancers, une diminution globale du taux de mortalité standardisé a été observée entre 2011 et 2021 (- 2,1 % par an chez les hommes et - 0,6 % par an chez les femmes), grâce à des avancées thérapeutiques importantes et à des diagnostics plus précoces.

Augmentation des cancers du poumon et du pancréas chez les femmes

Si les cancers du sein restent le premier cancer diagnostiqué et la première cause de décès par cancer chez les femmes, ceux du poumon et du pancréas ont connu une hausse très importante entre 1990 et 2023 : leur taux d’incidence a augmenté respectivement de 5 % et 3,3 % par an en moyenne (4,3 % et 2,3 % depuis 2010) avec, en 2023, 19 339 cas et 8 323 diagnostiqués.

L’augmentation de la prévalence du tabagisme chez les femmes, observée depuis les années 1970 selon Santé publique France, explique probablement en grande partie cette tendance. La consommation de tabac est en effet le premier facteur de risque pour ces deux cancers – responsable de plus de 80 % de ceux du poumon.

Cela est d’autant plus préoccupant que, selon une enquête de l’InCa et de Santé publique France publiée en 2023, des désinformations persistent sur le lien entre le tabagisme et le cancer : les fumeurs interrogés pensent que le risque de cancer lié au tabac n’existe qu’à partir de 9 cigarettes/jour (un fumeur sur cinq pense qu’il n’existe qu’au-delà de 20 cigarettes/jour) et 13 ans de tabagisme. Il en est de même pour les perceptions liées à l’alcool et le cancer : près d’un quart des répondants pensent que boire un peu de vin diminue le risque de cancer.

« La mobilisation nationale est plus que jamais nécessaire pour réduire le poids du cancer dans notre pays », concluent les auteurs du rapport. Ces données soulignent en effet les défis qu’il reste à relever en matière de prévention, alors que le ministère de la Santé vient de lancer un dispositif permettant à chaque patient de bénéficier, à quatre « âges clés » de la vie, de consultations longues qui y sont dédiées…

Pour en savoir plus
Institut national du cancer. Panorama des cancers en France – édition 2024. Septembre 2024.

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