Une jeune femme de 20 ans consulte pour des plaques cutanées blanchâtres, épaisses, indolores et mobiles à la palpation, situées au niveau des articulations à la face dorsale des doigts (fig. 1). Ces lésions sont apparues un an auparavant, sous la forme de petites taches dont la taille a augmenté progressivement pour atteindre environ 1 cm de diamètre et 3 mm d’épaisseur (fig. 2). Aucune autre lésion cutanée ou unguéale n’est associée. L’origine traumatique n’est pas retenue, dans la mesure où la patiente ne pratique aucun sport pouvant être à l’origine de telles lésions et n’exerce pas d’activité professionnelle nécessitant des mouvements répétés des doigts. Le bilan biologique est normal. Aucun autre cas n’est signalé dans la famille. 

Les coussinets des phalanges, ou knuckle pads, décrits en 1893 par Garrod, sont des épaississements fermes et circon-scrits de la peau des faces dorsales des articulations interphalangiennes proximales de tous les doigts, ou parfois des orteils.1 Ces lésions, d’apparition insidieuse, chez des sujets âgés de 15 à 30 ans,2 sont hypo- ou hyperpigmentées, avec un diamètre de 0,5 à 1,5 cm. Il s’agit d’une affection génétique peu fréquente, appelée génodermatose ; elle est associée à une mutation des gènes KK59, CAST, G1B2, G1B6. Ces lésions, bénignes et non contagieuses, sont parfois associées à une fibrose palmo-plantaire ou à une maladie de Dupuytren. 

L’analyse anatomopathologique montre une hyperplasie du tissu conjonctif avec une fibrose et une hyperkératose.3

Le principal diagnostic différentiel correspond aux pseudo-knuckle pads, lésions similaires mais dont l’origine est liée à des microtraumatismes répétés au niveau des phalanges en raison d’activités spécifiques (tailleurs, tapissiers, boxeurs ou encore habitude de se mordiller les phalanges, de les faire craquer ou l’excès de flexion au cours de sessions de jeu vidéo…). Dans ce cas, les lésions disparaissent avec l’arrêt de l’activité mise en cause.4

La demande de traitement est justifiée devant l’aspect inesthétique de ces lésions. Cependant, aucun n’est actuellement efficace, le mieux étant de convaincre le patient d’une abstention thérapeutique, puisque :

  • une excision chirurgicale risquerait la formation de chéloïdes ;
  • la cryothérapie ou l’injection intralésionnelle de corticoïdes est inefficace ;
  • l’injection de 5 -fluoro-uracile,5 qui semble pouvoir inhiber la prolifération des fibroblastes, donnerait quelques résultats, qui n’ont toutefois pas été confirmés.

Enfin, aucune mesure prophylactique n’a montré son efficacité. 

Références
1. Griffith CEM, Barker J, Bleiker TO, et al. Rook’s Textbook of Dermatology (9th edition). Wiley-Blackwell; 2016.
2. Chandler Z, Seamon K, Ramsubeik K, et al. A case of knuckle pad syndrome in a middle-aged man. Clin Case Rep 2022;10(12):e6740.
3. Vincek V, Vause A, Vincek E, et al. Knuckle pads: An ancient disease frequently misdiagnosed because of minimal modern attention. Dermatol Online J 2021;27(9).
4. Giovannini I, Zandonella Callegher S, Errichetti E, et al. Knuckle pads mimic early psoriatic arthritis. Reumatismo 2021;73(1):67-9.
5. Weiss E, Amini S. A novel treatment for knuckle pads with intralesional fluoro­uracil. Arch Dermatol 2007;143(11):1458-60.

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