Si l’abus d’alcool est un facteur de risque de la démence, certaines études ont suggéré qu’une faible consommation a un effet protecteur. Mais qu’en est-il vraiment ? Une analyse de la cohorte UK Biobank sur plus de 300 000 personnes permet de trancher.

La consommation d’alcool excessive (> 16,8 verres par semaine) est identifiée depuis 2020 comme un facteur de risque de la démence par une commission du Lancet dédiée à ces maladies neurodégénératives. Mais quid de l’effet d’une faible consommation ? Peu d’études épidémiologiques ont été réalisées à ce sujet, et certaines ont même trouvé qu’une consommation légère d’alcool était associée à un plus faible risque de démence que l’excès d’alcool et l’abstinence – c’est la fameuse « courbe en J », terme employé pour désigner une relation non-linéaire entre exposition (ici, à l’alcool) et risque. Ces résultats sont promus par l’industrie de l’alcool, puisqu’ils soutiennent l’effet protecteur d’une faible consommation.

Afin d’investiguer plus précisément la nature de l’association entre consommation d’alcool et incidence de la démence chez les buveurs « actifs » (catégorie excluant les buveurs occasionnels à 0 verre/semaine à l’inclusion), des chercheurs chinois ont utilisé la grande base de données UK Biobank, qui leur a permis de suivre jusqu’en 2021 un total de 313 958 Britanniques blancs, non atteints de démence entre 2006 et 2010, et consommateurs actifs d’alcool.

L’originalité de cette étude repose sur le fait que les analyses statistiques ont tenu compte du niveau de consommation et des facteurs confondants environnementaux, mais aussi génétiques en ayant recours à la randomisation mendélienne. Cette approche permet en effet d’évacuer de l’analyse les biais de confusion et les causalités inverses liées à la génétique.

Les résultats sont parus début septembre dans eClinicalMedicine . Ils révèlent que pendant un suivi moyen de 13,2 ans, 5 394 buveurs ont développé une démence. Les buveurs « actifs » ont consommé en moyenne 10,9 verres/semaine. Si une première analyse multivariée trouve une courbe en J reliant consommation d’alcool et risque de démence avec un risque minimal à 9,8 verres/semaine, cette association non-linéaire n’est plus valide lorsqu’on prend en compte la randomisation mendélienne. Ainsi, aucun niveau de consommation d’alcool ne protège de la démence.

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