Présents dans de nombreux aliments végétaux, les flavonoïdes sont connus pour leurs propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires.1 Appartenant à la famille des polyphénols, ces molécules – on en dénombre environ 6 000 – sont à l’origine de la couleur des fruits, des légumes et des herbes.1 Leurs bienfaits ne sont plus à prouver, mais il restait à savoir si la quantité et la diversité des flavonoïdes étaient liées aux bénéfices observés pour la santé humaine.
Dans cette nouvelle étude parue en juin 2025 dans Nature Food , les chercheurs ont sélectionné une population de 124 805 adultes de la base de données UK Biobank, fondée sur une cohorte d’un demi-million de Britanniques. Les participants étaient des adultes âgés de 40 ans et plus (âge médian : 60 ans). Après ajustement sur les données sociologiques, le mode de vie et les facteurs de risque, les auteurs ont évalué par des analyses statistiques si la quantité et/ou la diversité des apports en flavonoïdes étaient associées à une diminution des risques de mortalité toutes causes confondues et de nombreuses maladies chroniques. Anthocyanes, flavonols, flavones, flavanones, flavanols sont les cinq sous-catégories de flavonoïdes analysées dans cette étude.
En tout, le suivi médian de cette population s’est étalé entre 8,7 et 10,6 ans, suivant les risques évalués. Paradoxalement, les 20 % d’individus qui consommaient la plus grande quantité de flavonoïdes étaient ceux dont les sources étaient les moins diversifiées (la principale étant le thé). À l’inverse, les 20 % de Britanniques ingérant la plus grande diversité de flavonoïdes les consommaient davantage sous forme de baies, de pommes, de raisins, d’oranges et de vin rouge que le quintile de Britanniques.
Viser la variété ou la quantité ?
Les 20 % de participants diversifiant le plus leurs sources de flavonoïdes consommaient en moyenne 6,7 types de flavonoïdes différents en plus que les 20 % de participants qui variaient le moins leurs apports. Les premiers avaient 14 % de risque de mortalité en moins (toutes causes confondues) par rapport aux seconds (IC 95 % = [5 % ; 22 %]). Quant au risque de diabète de type 2, la réduction était de 20 % (IC 95 % = [9 % ; 30 %]). Les bénéfices ne s’arrêtaient pas là, avec - 10 % de risque de maladies CV (IC 95 % = [2 % ; 18 %]), et - 8 % de cancers (IC 95 % = [1 % ; 15 %]) et de maladies respiratoires (IC 95 % = [2 % ; 14 %]). En revanche, les auteurs n’ont pas remarqué d’association entre la diversité des sources de flavonoïdes et les maladies neurodégénératives. Parmi les différentes familles de flavonoïdes, lesquelles privilégier ? Il ressort de l’étude qu’indépendamment de la quantité ingérée, une grande diversité de flavanols et de flavanones est associée à une moindre mortalité.
L’équipe a ensuite évalué les mêmes risques, en répartissant la population en quintiles par la quantité d’apports en flavonoïdes, à diversité constante. Résultat : pour les participants avec une consommation en flavonoïdes médiane de 500 mg/j, la mortalité toutes causes confondues diminuait de 16 % (IC 95 % = [8 % ; 22 %]) par rapport au quintile de personnes consommant le moins de flavonoïdes (apport médian de 230 mg/j). Une réduction des risques de maladies CV, du diabète et des pathologies respiratoires a aussi été observée (respectivement - 9 % (IC 95 % = [2 % ; 16 %]), - 12 % (IC 95 % = [2 % ; 21 %]) et - 13 % (IC 95 % = [8 % ; 17 %])). Enfin, les Britanniques ayant un apport médian de 1 400 mg/j de flavonoïdes – soit les plus gros consommateurs – voyaient leurs risques de cancers et de maladies neurodégénératives diminuer respectivement de 8 % (IC 95 % = [1 % ; 15 %]) et de 20 % (IC 95 % = [6 % ; 32 %]) par rapport à ceux qui consommaient 230 mg/j.
Au moins deux tasses de thé par jour
Pour les flavonoïdes, il n’y a ni valeur nutritionnelle de référence, ni apport journalier recommandé à ce jour. Une étude danoise2 en 2019 préconise une consommation de 500 mg/j et une autre centrée sur les flavanols recommande entre 400 et 600 mg/j.3 Dans la cohorte britannique de la publication de Nature Food, l’apport médian était de 792 mg/j. Selon le Dr Benjamin Parmenter, co-auteur de cette étude, deux tasses de thé par jour apportent environ 500 mg de flavonoïdes.4 Ce breuvage (noir ou vert) couvre 67 % des apports totaux en flavonoïdes de la cohorte, ce qui explique la prépondérance des molécules issues de la catégorie des flavanols (87 % des apports quotidiens). Loin derrière, on trouve les pommes (5,8 %), le vin rouge (4,7 %), le raisin et les baies (tous deux à 1,9 %), le chocolat noir (1,2 %) et les agrumes (1,1 %). Ces autres aliments amènent des anthocyanes (vin rouge, baies et raisins), des flavanones (jus d’orange, oranges et agrumes, vin rouge), flavones (poivrons, raisins et vin rouge) et des flavonols (thé, oignons, pommes). En revanche, les isoflavones n’ont pas été prises en compte dans l’étude puisque les Britanniques sont peu adeptes du soja.
Cette étude montre que la quantité et la diversité des apports en flavonoïdessont indépendamment associées à une diminution des risques de mortalité toutes causes confondues et de nombreuses maladies chroniques, ce qui suggère que consommer plusieurs portions quotidiennes variées de nourriture riche en flavonoïdes peut diminuer les risques de mortalité toutes causes confondues et de maladie chronique.
Références :
1. Panche AN, Diwan AD, Chandra SR. Flavonoids: an overview. J Nutr Sci 2016;5:e47.
2. Bondonno NP, Dalgaard F, Kyrø C, et al. Flavonoid intake is associated with lower mortality in the Danish Diet Cancer and Health Cohort. Nat Commun 2019;10(1):3651.
3. Crowe-White KM, Evans LW, Kuhnle GGC, et al. Flavan-3-ols and Cardiometabolic Health: First Ever Dietary Bioactive Guideline. Adv Nutr 2022;13(6);2070-83.
4. ECU Newsroom. Tea, berries, dark chocolate and apples could lead to a longer life span, study shows. Edith Cowan University, 3 juin 2025.
Pour en savoir plus :
Martin Agudelo L. Nos enfants sont trop exposés au soja ! Rev Prat (en ligne) 4 avril 2025.