L’asthme est une maladie respiratoire chronique caractérisée par une inflammation des voies aériennes qui se traduit par une hyper-réactivité bronchique. Elle se manifeste par des symptômes variables : oppression thoracique, toux, sifflements. Le sous-diagnostic de l’asthme s’est amélioré, mais la morbidité qui lui est liée reste élevée en dépit des progrès thérapeutiques. L’asthme peut débuter à tous les âges de la vie.

Profil des patients souffrant d’asthme 

Dans le monde, le nombre d’asthmatiques était estimé à 227 millions (195 à 270 millions) en 1990, nombre qui est passé à 262 millions (224 à 309 millions) en 2019.

En France, la prévalence de l’asthme en 1998 était estimée à 5,8  %, puis à 6,7  % en 2006.1 Elle était plus élevée dans la population ayant les revenus les plus faibles et le niveau d’éducation le plus bas, avec des disparités géographiques. Les comorbidités les plus fréquentes étaient les suivantes  : rhinite allergique, anxiété et dépression, obésité, dermatite atopique, reflux gastro-œsophagien, migraine.

En 2006 seulement 12  % des patients avaient consulté un pneumologue ou réalisé une spirométrie.

Enseignements de l’étude ASTHMAPOP

En 2018, l’étude ASTHMAPOP,2 enquête transversale auprès de 20 000 foyers représentatifs, a été réalisée en France hexagonale. Elle s’est appuyée sur des questionnaires pour l’évaluation du contrôle de l’asthme (ACQ- 6), la qualité de vie (EQ- 5D- 5L) et l’observance au traitement (MMAS- 4). Les objectifs de l’étude étaient d’évaluer la prévalence de l’asthme, en incluant sa sévérité et le fardeau qu’elle constitue, en fonction des paliers de traitement et selon le contrôle des symptômes. Les résultats ont montré que la prévalence de l’asthme est estimée à 6,1  %, plus élevée chez les femmes (7,4  %) que chez les hommes (5,3  %). La moyenne d’âge est de 48 ans (écart type  : 18 ans). Parmi les personnes souffrant d’asthme, 13,6 % sont reconnues en affection de longue durée (ALD) et 10,2  % sont prises en charge par la protection universelle maladie (Puma).

La sévérité de l’asthme estimée en fonction du palier thérapeutique est répartie comme suit  :

  • 43,8  % des patients ont un asthme de palier 1 (bronchodilatateurs de courte durée d’action [BDCA] à la demande)  ;
  • 5,7  % de palier 2 (BCDA et corticostéroïdes inhalés [CSI])  ;
  • 14,6  % de palier 3 (bronchodilatateurs bêta- 2 -stimulants d’action prolongée [B2LDA] et CSI à faibles doses)  ;
  • 21,1  % de palier 4 (B2LDA et CSI à doses moyennes)  ;
  • 3,3  % de palier 5 (B2LDA et CSI et anticholinergiques et/ou biothérapies).

Le palier 5 représente la proportion de patients avec un asthme sévère, caractérisé par un fort taux d’exacerbations (tableau), y compris nécessitant un recours à une corticothérapie orale. 

Le tabagisme actif est retrouvé pour 15,5  % des asthmatiques  ; 23,1  % sont ex-fumeurs. Le surpoids ou la situation d’obésité (indice de masse corporelle médian = 25,7 kg/m2) concerne 55,8  % d’entre eux. Le nombre moyen de comorbidités est de 2,4, et elles sont plus fréquentes chez les asthmatiques ayant un traitement de palier 5. 

Parmi les patients asthmatiques, 74,1  % ont déjà réalisé une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR). Le taux d’EFR réalisée augmente selon les paliers GINA (Global Initiative for Asthma)  : de 60  % (GINA 1) à 85  % (GINA 5). L’utilisation régulière du débitmètre de pointe est très faible et varie selon le palier  : de 0,2  % (GINA 1) à 15,6  % (GINA 5). 

Concernant le contrôle de l’asthme, 23,1  % des personnes interrogées avaient un asthme non contrôlé, 24,6  % un asthme partiellement contrôlé et 52,3  % un asthme contrôlé. 

Pour 46,4  %, l’observance est bonne selon le score de Morisky (questionnaire en huit questions).

En matière de vaccinations, 56,4  % avaient été vaccinés contre la grippe et 24,2  % contre le pneumocoque. 

Données de la cohorte CONSTANCES

Dans le cadre de la cohorte CONSTANCES (200 000 adultes vivant en France, âgés de 18 à 69 ans, représentatifs des affiliés à l’Assurance maladie), la prévalence de l’asthme était estimée à 5,8  % (5,1  % chez les hommes, 6,4  % chez les femmes) en 2021.3 Un impact socio-économique important est mis en évidence, avec des arrêts de travail, une perte d’emploi et un parcours orienté vers des reclassements professionnels.4 

Les femmes asthmatiques ont un itinéraire professionnel comportant plus d’interruptions que les femmes non asthmatiques. Le devenir socio-économique des femmes asthmatiques est plus défavorable que celui des non asthmatiques.

Hospitalisations pour asthme 

Chez l’adulte, le taux annuel d’hospitalisation pour asthme, standardisé sur l’âge et le sexe, a fortement diminué au début des années 2000. Cette tendance est moins marquée depuis 2004 (- 2  % par an en moyenne chez les hommes, - 1,04  % par an chez les femmes). L’Île-de-France, la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion sont les régions les plus touchées par les hospitalisations pour asthme. En revanche, la Guyane, la Corse, Auvergne-Rhône-Alpes et les Pays de Loire sont les régions les moins affectées.5 

Mortalité attribuable à l’asthme

Les données de Santé publique France de 2014, publiées en 2019, estiment à 850 décès environ par an liés à l’asthme.5 

Dans le monde, selon le Global Burden of Disease (GBD),6 la mortalité liée à l’asthme a diminué de 1990 à 2019, avec une baisse de plus de 50  % dans les pays à haut niveau de revenus. Elle diminue plus chez les hommes que chez les femmes. La Nouvelle-Guinée reste le pays avec le plus fort taux standardisé de mortalité en 2019. La mortalité liée à l’asthme augmente avec l’âge  : elle est plus élevée chez les plus de 90 ans.

La mortalité liée à l’asthme est plus faible dans les cohortes récentes, ce qui serait possiblement lié à la prise en charge thérapeutique par corticoïdes inhalés. Inversement, l’analyse des décès par asthme a montré un lien avec l’absence de traitement de fond et de suivi par un médecin.7 

Les facteurs associés à la mortalité dans l’asthme au niveau mondial sont l’obésité (risque attribuable plus élevé chez les femmes), l’exposition aux allergènes professionnels et le tabagisme actif.

Augmentation à venir en lien avec le changement climatique

L’asthme représente un réel enjeu de santé publique, avec une diminution du sous-diagnostic mais une mortalité évitable et un fardeau qui reste important pour les patients les plus sévères en matière d’exacerbations fréquentes nécessitant une corticothérapie orale.

Pour l’avenir, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit une augmentation de la prévalence des allergies respiratoires et de l’asthme, en rapport avec le changement climatique. 

Références 
1.  Delmas MC, Fuhrman C, pour le groupe épidémiologie et recherche clinique de la SPLF. Asthma in France: A review of descriptive epidemiological data. Rev Mal Respir 2010;27(2):151‑9.
2.  Raherison-Semjen C, Izadifar A, Russier M, et al. Self-reported asthma prevalence and management in adults in France in 2018: ASTHMAPOP survey. Respir Med Res 2021;80:100864. 
3.  Delmas MC, Benezet L, Ribet C, et al. Prevalence of asthma among adults in France, data from the Constances cohort study. Rev Mal Respir 2021;38(8):797‑806. 
4. Provost D, Delmas MC, Benezet L, et al. Impact of asthma on working life: An analysis of the French CONSTANCES cohort. Occup Environ Med 2023;80(7):392‑8.
5.  Santé publique France. Dossier thématique Asthme. 23 octobre 2024. https://urls.fr/krFDho
6. Cao Y, Chen S, Chen X, et al. Global trends in the incidence and mortality of asthma from 1990 to 2019: An age-period-cohort analysis using the global burden of disease study 2019. Front Public Health 2022;10:1036674.
7.  Royal College of Physicians. Why asthma still kills. The National Review of Asthma Deaths (NRAD). Mai 2014. https://urls.fr/SbWIQM 

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Résumé

L’asthme demeure une maladie respiratoire chronique fréquente chez l’adulte. Sa prévalence actuelle est estimée à 6,1  %, avec un taux plus élevé chez les femmes (7,4  %) que chez les hommes (5,3  %). L’asthme est souvent associé à des comorbidités. Malgré la mise à disposition de traitements efficaces, il demeure mal contrôlé dans environ la moitié des cas, avec un recours aux soins importants en matière d’exacerbations, de visites aux urgences et d’hospitalisations. Le fardeau de la maladie reste très important en cas d’asthme sévère, qui concerne environ 5  % des patients asthmatiques.