Un enfant âgé de 4 ans, sans antécédents médicaux notables, est vu en consultation pour une plaque érythémateuse douloureuse, d’extension progressive, localisée sur la joue gauche évoluant depuis deux mois. La lésion est recouverte de multiples squames et croûtes jaunâtres (figure) et s’accompagne d’un prurit discret. Aucun antécédent de traumatisme, d’utilisation de corticostéroïdes topiques ou de traitement immunosuppresseur n’est retrouvé.
L’évaluation clinique initiale évoque une folliculite bactérienne en raison de l’aspect caractéristique de la lésion. Toutefois, en dépit d’une antibiothérapie empirique bien menée, aucune amélioration n’est observée. Les sérologies virales, le bilan auto-immun et les prélèvements bactériologiques sont négatifs.
Une biopsie cutanée est réalisée, mettant en évidence une inflammation granulomateuse caractérisée par des histiocytes périfolliculaires et des cellules géantes, associée à un infiltrat de lymphocytes et de plasmocytes. L’examen mycologique et la culture fongique permettent d’identifier Trichophyton mentagrophytes, confirmant ainsi le diagnostic de granulome de Majocchi.
Le patient est traité par terbinafine et prednisone pendant six semaines, avec une amélioration progressive des lésions, malgré une hyperpigmentation résiduelle.

Le granulome de Majocchi est une forme atypique de dermatophytose dans laquelle le champignon envahit les follicules pileux profonds et le derme, induisant une réaction inflammatoire granulomateuse. Bien que la majorité des cas soient dus à Trichophyton rubrum, T. mentagrophytes a également été décrit. Il survient principalement chez des patients immunodéprimés ou après l’utilisation de cortico­stéroïdes topiques.1 Sa survenue chez l’enfant immunocompétent, en particulier au niveau du visage, est exceptionnelle. Son tableau clinique polymorphe peut mimer des infections bactériennes, mycobactériennes, voire tumorales, retardant alors le diagnostic. 

Ce dernier repose sur la biopsie cutanée et l’examen mycologique. Le traitement nécessite une antifongithérapie systémique prolongée.

Ce cas souligne l’importance d’évoquer cette entité devant toute lésion cutanée chronique atypique, en particulier chez l’enfant, afin d’optimiser la prise en charge et éviter un retard diagnostique. 

Références 
1. Feng WW, Chen HC, Chen HC. Majocchi’s granuloma in a 3-year-old boy. The Pediatric Infectious Disease Journal 2006;25(7):658-9.
2. Drivenes JL, Ramsing M, Bygum A. Majocchi’s granuloma. The great mimicker: A case report. Case Reports in Dermatology 2023;15(1):190-3.
3. Boral H, Durdu M, Ilkit M. Majocchi’s granuloma: Current perspectives. Infection and Drug Resistance 2018;11:751-60.

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