Face à la propagation continue de l’influenza A(H5N1) dans plusieurs pays, avec de nombreux cas humains de grippe zoonotique rapportés, la HAS vient de publier des recommandations vaccinales avec le vaccin dit « prépandémique », capable de conférer une immunité croisée vis-à-vis des souches H5N1 circulant dans le monde.

Les virus influenza aviaires hautement pathogènes (IAHP) circulent largement dans le monde depuis plusieurs années, touchant plusieurs espèces d’oiseaux comme de mammifères. Une vigilance particulière est nécessaire, en raison de l’augmentation des cas chez les animaux et du nombre d’espèces touchées, de l’étalement de la période à risque et l’expansion géographique, ainsi que du potentiel d’adaptation du virus à la transmission entre mammifères, y compris chez l’homme.

Depuis 2024, près de 90 cas humains d’influenza A (H5N1) au niveau mondial ont été rapportés à l’OMS (données du 19 mars 2025). La grande majorité a été détectée aux États-Unis (70), dans un contexte d’exposition à des animaux infectés (vaches et volailles), d’après les dernières données publiées par les CDC. En 2025, 1 cas a été rapporté en Europe pour le moment (au Royaume-Uni).

Il n’y pas de transmission interhumaine documentée à ce jour, et aucun cas humain n’a été détecté en France pour l’instant, mais les autorités sanitaires se sont mobilisées pour anticiper ce risque. Santé publique France et la DGS ont actualisé en février la conduite à tenir devant les cas suspects et leurs cas contacts. Aujourd’hui, la HAS publie des recommandations sur la stratégie vaccinale qui devra être adoptée en cas de détection de cas humains de grippe zoonotique en France, qu’ils soient autochtones ou importés. (Ces recommandations ne traitent pas d’une situation pandémique qui résulterait de l’adaptation du virus à une transmission interhumaine.)

Pourquoi vacciner et avec quel vaccin ?

Ces recommandations concernent la vaccination avec le Zoonotic Influenza Vaccine (H5N8) du laboratoire Seqirus. Il s’agit d’un vaccin inactivé avec un adjuvant qui entraîne une réponse immunitaire croisée vis-à-vis des souches H5N1 circulant dans le monde – il est donc dit « prépandémique » ; c’est le seul vaccin de ce genre disposant d’une AMM en Europe.

S’il est impossible, à ce stade, de prédire précisément l’évolution du virus, cette vaccination a un double objectif :

  • éviter les formes sévères en cas de contamination,
  • potentiellement, réduire le risque de contamination de l’humain par l’animal.

Quand et qui vacciner ?

La HAS recommande d’effectuer cette vaccination en cas d’augmentation des foyers animaux malgré les mesures barrières mises en place, et en présence de cas humains sévères au contact de ces foyers (v. tableau ci-contre, scénario 2.c) afin de protéger les personnes exposées. Pour l’instant, elle n’est pas jugée nécessaire si les cas humains ne sont pas sévères.

Ainsi, les publics exposés à l’infection par le virus H5N1 qui doivent être priorisés sont :

  • les éleveurs de volailles (et de bovins, le cas échéant)
  • le personnel technique des laboratoires de diagnostic et de recherche vétérinaires (autopsies, prélèvements, expérimentations) ;
  • le personnel de laboratoire manipulant le virus dans le cadre de l’investigation de cas humains, Centre national de référence (CNR) notamment ;
  • les techniciens et vétérinaires avicoles ;
  • le personnel réalisant l’abattage d’urgence ;
  • les équarrisseurs.

Le schéma vaccinal est composé de 2 doses espacées de 3 semaines.

Mesures complémentaires

Cette stratégie vaccinale sera complétée par une surveillance active de l’évolution du virus circulant, un suivi de la sécurité du vaccin et de son acceptation et des études sérologiques évaluant les réponses immunitaires pour déterminer leur niveau et leur durée en conditions réelles.

Les autres mesures à adopter face à un cas possible ou confirmé de grippe zoonotique sont listées dans notre article dédié à la CAT (définition des cas, algorithmes décisionnels en fonction du résultat du test RT-PCR, consignes pour réduire le risque de transmission et mesures barrières).

Enfin, la HAS rappelle que la vaccination contre la grippe saisonnière est toujours recommandée pour les professionnels exposés aux virus influenza porcins et aviaires afin de réduire le risque de co-infection avec des virus influenza humains.

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