Un homme âgé de 42 ans, sans antécédents notables, souffre depuis un an de lombosciatalgies bilatérales d’aggravation progressive, avec installation, depuis trois jours, de troubles génitosphinctériens à type de rétention urinaire évoluant dans un contexte d’apyrexie et de conservation de l’état général. À l’examen clinique, le patient est conscient, stable sur le plan hémodynamique et respiratoire. L’examen neurologique objective une parésie des deux membres inférieurs avec des réflexes ostéotendineux vifs. Une imagerie par résonance magnétique (IRM) médullaire, réalisée en urgence, met en évidence une lésion de la quatrième vertèbre lombaire en hypersignal T1 et STIR, de signal hétérogène en T2, se rehaussant après injection du produit de contraste avec une épidurite antérieure en regard, responsable d’une compression du fourreau dural (fig. 1). Un complément scanographique sans injection de produit de contraste, réalisé par la suite, objective la lésion ostéolytique du corps vertébral de L4, avec un aspect piqueté épais d’os dense (en têtes d’épingle) sur la coupe axiale et grillagé sur la reconstruction sagittale, faisant évoquer un hémangiome osseux agressif (fig. 2). Le patient a bénéficié en urgence d’une laminectomie lombaire en regard de L4, avec une bonne amélioration clinique.
Les hémangiomes vertébraux sont des tumeurs bénignes le plus souvent asymptomatiques. Ils sont rarement agressifs (moins de 1 % des cas),1 touchent l’adulte entre 40 et 60 ans, avec une prédominance féminine.1 La localisation dorsale est la plus fréquente, suivie par l’atteinte lombaire.2 Le tableau clinique est celui d’une compression médullaire et/ou radiculaire secondaire à une extension progressive de l’hémangiome dans le canal vertébral.1 La radiographie standard, souvent réalisée en première intention, montre une lésion osseuse lytique renfermant des trabécules verticales (signe en velours côtelé). L’imagerie en coupe (tomodensitométrie [TDM] et IRM) occupe une place primordiale dans le diagnostic positif. Le scanner objective l’hémangiome osseux sous forme d’une lésion osseuse mixte sclérotique renfermant de la graisse avec visualisation des trabéculations verticales réalisant un aspect piqueté épais d’os dense (en têtes d’épingle) sur la coupe axiale et grillagé sur la reconstruction sagittale.3 À l’IRM, l’aspect des hémangiomes varie en T1 en fonction de la quantité de graisse, la perte de l’hypersignal T1 est un des critères d’agressivité de l’angiome, ils sont visibles en hypersignal T2, et le rehaussement est souvent présent. L’IRM permet également de mettre en évidence une épidurite et la compression médullaire ou radiculaire.3 Les caractères d’agressivité de l’hémangiome sont une localisation entre la 3e et la 10e vertèbre dorsale, l’atteinte de l’ensemble du corps vertébral, l’extension à l’arc postérieur, l’aspect discontinu des corticales, l’extension dans les parties molles paravertébrales ou intracanalaires à l’IRM. En cas de doute diag­nostique, l’examen anatomopathologique reste la référence. La prise en charge repose sur un geste de décompression en ­urgence, précédé, si possible, par une embolisation. La vertébro­plastie peut être associée en cas de syndrome vertébral douloureux.

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