Particulièrement mis en lumière ces dernières années à travers l’anosmie vécue par certains malades atteints du Covid, les troubles de l’odorat sont connus pour être associé à une élévation de la mortalité dans des études prospectives. Toutefois, les données sur la causalité sont limitées, notamment chez les personnes âgées.
Afin d’en savoir plus, des chercheurs d’institutions suédoises ont mené une étude portant sur des personnes âgées participant à l’étude SNAC-K. Cette cohorte longitudinale suédoise suit des personnes âgées (60 à 99 ans à l’inclusion, entre 2001 et 2004) soit tous les 6 ans en cas d’inclusion avant 78 ans, soit tous les 3 ans en cas d’inclusion au-delà. Le suivi à 12 ans de SNAC-K s’est arrêté en 2013. Les patients n’ayant pas effectué un test d’olfaction (Odofin, qui évalue la reconnaissance de 16 odeurs) ou souffrant de démence à l’inclusion ont été exclus de l’étude actuelle. L’objectif était d’évaluer l’association entre l’anosmie et la mortalité, et d’identifier les facteurs expliquant cette association éventuelle.
Les résultats ont été publiés en avril dans JAMA Otolaryngology – Head & Neck Surgery : 2 524 participants de SNAC-K étaient éligibles à cette étude (âge moyen à l’inclusion = 71,9 ans, écart-type = 10,0 ans ; 61,2 % de femmes). Parmi eux, 17,6 % étaient décédés à 6 ans de suivi, et 38,4 % à 12 ans de suivi. Dans cette cohorte, chaque réponse incorrecte supplémentaire au test d’olfaction était associée à une augmentation de 6 % du risque de mortalité toutes causes confondues à 6 ans (hazard ratio (HR) = 1,06 ; IC95 % = [1,03 ; 1,08]), et de 5 % à 12 ans.
Les facteurs pouvant expliquer l’association entre anosmie et mortalité à 6 ans comprenaient la démence (23 % de l’association), la fragilité (11 % de l’association) et la malnutrition (5 % de l’association). Seule la fragilité est restée un facteur pouvant expliquer cette association à 12 ans. Les auteurs considèrent que ces résultats soulignent l’importance de l’anosmie comme marqueur de risque de la mortalité chez les personnes âgées. Selon eux, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l’intérêt clinique d’une évaluation olfactive afin de mieux identifier le risque de morbidité et mortalité des patients.