L’activité physique a des vertus tant au niveau de la santé physique que mentale, mais ses bienfaits ne s’arrêtent pas là : selon une nouvelle méta-analyse d’études randomisées, elle améliore l’intelligence des enfants.

L’importance de l’exercice physique à tout âge, qui plus est chez les plus jeunes, ne cesse d’être martelée.1 Augmentation de l’espérance de vie, de la densité minérale osseuse, diminution des risques de maladies chroniques… les bénéfices sur la santé physique sont nombreux. Mais le sport est aussi vertueux pour le mental : il favorise la sécrétion de certains neurotransmetteurs, diminue l’anxiété et les risques de dépression, tout en améliorant la concentration et in fine les performances scolaires.2

Selon cette nouvelle méta-analyse publiée dans la revue Pediatrics, la pratique encadrée d’une activité physique rend les enfants plus intelligents, peu importe la durée de l’activité, l’âge de l’enfant ou son quotient intellectuel.

Bouger améliore le QI de 4 points

Pour arriver à cette conclusion, les auteurs ont analysé 14 études randomisées de bonne qualité (risques de biais faibles). Le nombre de participants variait entre 16 et 1 810, menant à un total de 3 203 enfants et adolescents âgés entre 5 et 14 ans. Dans la grande majorité des études incluses (78 %), l’activité physique était encadrée.

Les chercheurs ont évalué l’effet de l’exercice physique sur l’intelligence générale (évaluée par le quotient intellectuel [QI]), mais aussi sur l’« intelligence fluide » et l’« intelligence cristallisée ». Théorisées par le psychologue Raymond Cattell au milieu du XXe siècle, la première correspond à la faculté d’analyser de nouveaux problèmes tandis que la seconde se réfère à la capacité à mobiliser des connaissances et compétences pour résoudre des problèmes.3

Résultat : les enfants ayant eu une activité physique régulière ont une meilleure intelligence générale et fluide que les enfants qui n’ont pas suivi les programmes d’exercice physique. Les auteurs ont remarqué une augmentation moyenne du QI de 4 points. En revanche, aucune relation n’a pu être établie entre l’activité physique et l’intelligence cristallisée à cause du manque de données.

Des bénéfices pour tous, quelle que soit l’activité physique

Les activités sportives pratiquées par les enfants étaient très variées : endurance, yoga, corde à sauter, sports d’équipe, jeux et chorégraphies en musique, renforcement musculaire, exercices de flexibilité, de coordination et d’équilibre. Les enfants faisaient entre trois et sept séances encadrées hebdomadaires de durée variable (en moyenne 30 à 60 minutes par séance), pendant quatre à quarante semaines.

Les profils des enfants étudiés étaient également hétérogènes. Tous n’étaient pas en bonne santé ni sans déficit intellectuel ; certains avaient des QI inférieurs à 70, d’autres étaient en situation de surpoids ou d’obésité, et quelques-uns avaient un cancer.

Mais quels que soient l’état de santé et le QI initial, la pratique encadrée d’une activité physique améliorait l’intelligence générale et fluide.

Ce nouveau résultat s’ajoute aux précédentes méta-analyses qui avaient montré les bénéfices cognitifs d’une pratique sportive (plus de flexibilité cognitive, amélioration des fonctions exécutives, de la mémoire de travail, des performances scolaires, de la vitesse de raisonnement…).

Le fléau des écrans

Le résultat de cette étude ne fait que rallonger la liste des bénéfices de la pratique d’activité physique chez les jeunes. Pourtant, les enfants et les adolescents sont de plus en plus sédentaires et ne bougent pas assez. D’après l’Anses, les jeunes doivent faire au moins une heure d’activité physique d’intensité élevée à modérée par jour et ils ne doivent pas passer plus de deux heures par jour devant un écran (hors temps scolaire).4 - 6 Or, on est loin du compte… Selon l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité, en 2020, 72,5 % des jeunes (âgés entre 10 et 18 ans) n’arrivent pas à faire une heure de sport par jour et 87,5 % d’entre eux passent plus de 5 h/j les yeux scotchés à un écran.7

Téléphones portables, tablettes, ordinateurs ne sont pas sans conséquence sur la santé des enfants et des adolescents. En mai 2024, la commission de travail sur les écrans a rendu ses conclusions et ses préconisations : les écrans sont directement ou indirectement liés au manque de sommeil, à la sédentarité, au manque d’activité physique, au risque de surpoids et d’obésité et aux problèmes de vue chez les jeunes.8 Quant aux liens entre les écrans et le neurodéveloppement des enfants, les études souffrent encore de biais méthodologiques.9 Dans le doute, il vaut mieux remplacer une heure d’écran par une heure d’activité physique !

D’après
Morales JS, Valenzuela PL, Martínez-de-Quel Ó, et al. Exercise Interventions and Intelligence in Children and Adolescents: A Meta-Analysis. Pediatrics.  Pediatr 2024;154(6):e2023064771.
Références :
1. ChaS, MayekoT, Couëdon I. Dispenser les élèves d’EPS : un danger pour leur santé ?  Rev Prat 2023;73(8);823-6
2. Martin Agudelo L. En psychiatrie aussi : prescrire l’activité physique !  Rev Prat (en ligne) 4 octobre 2020.
3. Havard University. Portrait de Raymond Cattell. Département de psychologie.
4. Angély C. Enfants sédentaires aujourd’hui, adultes malades de demain.  Rev Prat Med Gen 2024;38(1089);315.
5. Santé publique France. Les recommandations et conseils pour les enfants et les adolescents.
6. Anses. Inactivité physique et sédentarité chez les jeunes : l’Anses alerte les pouvoirs publics. 23 novembre 2020.
7. Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité. Activité pghysique : état des lieux. 2024
8. Gouvernement. Pas d’écran avant trois ans. 7 mai 2024.
9. Martin Agudelo L. Écrans et enfants/ado : la règle des 3, 6, 11, 13, 15. Rev Prat (en ligne) 6 mai 2024.

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