Un patient âgé de 40 ans, d’origine rurale, consulte pour douleur hypogastrique, dysurie et pollakiurie nocturne évoluant depuis six mois, traitée initialement par automédication sans amélioration clinique. Aucun antécédent personnel ou familial de lithiase urinaire n’est retrouvé. L’examen clinique objective un bon état général, avec présence d’une masse hypogastrique ronde et dure. L’examen cytobactériologique des urines, l’hémogramme, la créatininémie, l’ionogramme sont normaux.
Une radiographie de l’abdomen sans préparation centrée sur le bassin montre une opacité de tonalité calcique occupant l’aire vésicale (fig. A). Un scanner abdomino-pelvien sans injection de produit de contraste est réalisé afin de mieux analyser cette masse  ; il permet de visualiser une lithiase vésicale occupant la quasi-totalité de la vessie et mesurant 55 × 45 mm avec 1 120 UH de densité (fig. B). 
Le patient n’a pas de lithiase rénale ni urétérale. Il a bénéficié d’une fragmentation du calcul avec extraction des fragments par voie transurétrale.
Les suites opératoires ont été simples. Le calcul était de nature phosphocalcique ; des conseils hygiénodiététiques ont été dispensés avec une évolution clinique favorable.

La macrolithiase vésicale est une affection extrêmement rare. Elle est principalement observée dans les populations défavorisées, d’où le terme de « lithiase des pauvres ». Cette pathologie est plus fréquemment rencontrée dans les zones rurales, où la population consulte souvent tardivement en raison du manque de moyens financiers, et où l’alimentation est pauvre en protéines et en phosphates.1 La stase urinaire constitue le principal facteur favorisant la formation des lithiases vésicales. Les hommes sont plus souvent touchés que les femmes.

La symptomatologie inclut souvent une dysurie, une ­hématurie, des douleurs pelviennes, voire une rétention urinaire aiguë dans les formes évoluées, surtout en présence de calculs volumineux.2

Les lithiases vésicales sont souvent associées à des lithiases rénales et urétérales. 

Les techniques d’imagerie (échographie, radiographie abdominale, tomodensitométrie) jouent un rôle crucial dans le diagnostic des macrolithiases ­vésicales, pour évaluer la taille, la localisation et le nombre de calculs, ainsi que pour l’identification des éventuelles complications et le choix du traitement.

Le traitement des lithiases vésicales inclut un volet médical et un volet chirurgical. Le volet médical consiste en l’administration d’antalgiques et d’antibiotiques pour traiter les infections urinaires. Il peut également inclure la dissolution des calculs d’acide urique par alcalinisation. Le traitement chirurgical est systématique si l’expulsion spontanée des calculs est impossible en raison de leur taille. Le choix de la technique chirurgicale dépend de la taille de la lithiase vésicale, de sa consistance et du nombre de calculs présents. On procède généralement par cystotomie avec retrait en monobloc de la lithiase ou par fragmentation (hydroélectrique ou laser) par voie transurétrale.3

Références
1. Abdel-Halim RE, Altwaijri AS, Elfaqih SR, et al. Extraction of urinary bladder stone as described by Abul-Qasim Khalaf Ibn Abbas Alzahrawi (Albucasis). A translation of original text and a commentary. Saudi Med J 2003;24(12):1283-91.
2. Aydogdu O, Telli O, Burgu B, et al. Infravesical obstruction result as giant bladder calculi. Can Urol Assoc J 2011;5:E77-8.
3. Chabannes E, Bensalah K, Carpentier X, et al. Management of adult’s renal and ureteral stones. Prog Urol 2013;23:1389-99.

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