Conflit sensoriel
Le mal des transports, ou cinétose, est particulièrement fréquent : sa prévalence atteint 25 % en avion, 29 % en bateau et 41 % sur la route, selon une revue du BMJ . Il se traduit par des nausées en transit, avec parfois des vomissements, et cesse peu après la sortie du véhicule. Les premiers signes de cinétose sont variables. Parmi les plus importants, on retrouve : sensation de malaise, d’inconfort dans la partie haute du ventre, pâleur et sueurs froides, une transpiration abondante, hypersalivation, irritabilité, fatigue, maux de tête.
Les enfants âgés de 7 à 12 ans sont plus à risque que les nourrissons, les adolescents et les adultes, rapporte l’édition 2025 des recos sanitaires pour les voyageurs du Haut Conseil de la santé publique. Les antécédents de migraine sont aussi un facteur favorisant. Aujourd’hui, la théorie la plus en vogue pour expliquer la cinétose est celle d’un conflit sensoriel entre la vision et le système vestibulaire dans l’oreille interne (qui permet de ressentir l’équilibre et le mouvement). Par exemple, le fait d’observer défiler le paysage assis dans un siège passager, tout en ressentant des virages serrés.
La prévention passe d’abord par des stratégies comportementales, détaillées ici :
- l’habituation, qui consiste à se désensibiliser en expérimentant régulièrement un mode de transport problématique s’il doit être pris régulièrement ;
- se placer dans des bonnes conditions : en voiture, se mettre à l’avant ou sur le siège passager du milieu, être dans le sens de la marche en bus ou train, se placer au milieu de l’appareil en avion et en bateau ;
- regarder loin devant soi (ou à l’horizon à travers les fenêtres latérales) en voiture ;
- ne pas se lancer dans une activité réclamant l’attention visuelle (lecture, écriture, écrans, etc.), notamment sur la route ;
- maintenir une posture droite ;
- éviter les repas copieux, mais aussi de voyager à jeun ;
- essayer de limiter son anxiété et de porter son attention sur autre chose : la distraction mentale peut aider des personnes sensibles à ne plus ressentir de cinétose ; au contraire, l’anxiété est un facteur aggravant.
Trois types de médicaments
Au-delà des adaptations comportementales, plusieurs médicaments peuvent être utiles pour empêcher ou contrer la cinétose. Ils sont pris quelques heures avant le déplacement, durant ce dernier ou pour calmer la crise.
Il existe trois types de médicaments :
- des antihistaminiques de première génération à effet sédatif (diménhydrinate, diphénhydramine, méclozine). Ils sont plus efficaces en prévention que le placebo, selon une revue Cochrane. Ils sont à prendre 2 h avant le départ : à partir de l’âge de 2 ans pour le diménhydrinate en sirop, et à écraser avant 6 ans pour le diphénhydramine en comprimé. Attention toutefois : la prise de diphénhydramine comporte des effets indésirables rares psychiatriques et touchant le système nerveux central (19 recueillis par l’ANSM entre 2014 et 2024) ;
- la scopolamine, un antiémétique atropinique anticholinergique. Elle est plus efficace que le placebo, selon une autre revue Cochrane. Elle est utilisée en patch transdermique de 1 mg, appliqué derrière l’oreille sur la mastoïde au moins 4 heures avant le voyage et renouvelable après 72 heures ; elle a des contre-indications chez l’enfant de moins de 15 ans et est déconseillée pendant la grossesse ou l’allaitement ;
- et, enfin, en cas de vomissement, la métopimazine, un antiémétique antagoniste dopaminergique (pour les plus de 6 ans). Toutefois, ce dernier doit être pris avec grande précaution au vu du risque d’effets indésirables graves rapportés par la HAS, et doit être évité chez les sujets âgés et les enfants.
Il est déconseillé d’associer plusieurs de ces médicaments, ainsi que de donner à des enfants vomissant ou ayant des nausées des médicaments à base de dompéridone et de métoclopramide (d’autres antiémétiques).
Approches non prouvées
Enfin, il existe des stratégies non validées par la recherche médicale pour la cinétose, toutes soutenues par une littérature scientifique très faible voire inexistante. Cependant, ce sont des options majoritairement dénuées de risques. Parmi elles, on compte :
- l’homéopathie ;
- la phytothérapie (gingembre en poudre, jus, sucette, extraits de menthe poivrée) ;
- la relaxation et l’écoute de musique ;
- certains accessoires comme des bracelets et des pansements anti-nausées, ainsi que des lunettes à niveau.
Vidal. Comment prévenir et traiter le mal des transports ? 24 novembre 2023.
CDC. Motion Sickness. 23 avril 2025.
CDC. Complementary and Integrative Health Approaches to Travel Wellness. 23 avril 2025.
Ameli. Traitement du mal des transports. 26 février 2025.
Brainard A, Gresham C. Prevention and treatment of motion sickness. Am Fam Physician 2014;90(1):41-6.