La banalisation de l’usage de la cocaïne se confirme : près d’un adulte sur dix déclare l’avoir déjà expérimentée en 2023, soit une proportion quasi-doublée par rapport à 2017. Quant à l’usage au moins une fois dans l’année, il concernait 1 million de personnes en 2023, soit près du double qu’un an auparavant. Les contextes de consommation sont plus « démocratisés » : Ivana Obradovic, directrice adjointe de l’OFDT, souligne que la cocaïne est maintenant consommée par « des actifs qui l’utilisent pour tenir au travail », alors que son utilisation était restreinte à certains milieux auparavant. Cette banalisation est aussi liée à une plus grande disponibilité – la production mondiale estimée a plus que doublé depuis 2010 – et une relative stabilité des prix (66 €/g en 2023 vs 60 € en 2011) alors même que la teneur moyenne en principe actif a bondi dans le même temps (de 46 % à 73 %).
Une hausse des intoxication graves en lien avec la cocaïne a également été recensée ces dernières années. En 2023, plus d’un décès sur cinq (parmi les décès liés à l’usage abusif des substances illicites ou médicaments) était attribué à la cocaïne – d’où l’importance pour le médecin de savoir repérer les consommations problématiques, traiter les complications aiguës et chroniques et aider au sevrage. Voir notre article pratique sur ce sujet : https ://www.larevuedupraticien.fr/article/cocaine-des-complications-en-hausse.
La croissance de la consommation est aussi observée pour les autres substances illicites (ecstasy/MDMA, champignons hallucinogènes, LSD, amphétamines, héroïne, crack…) : le taux d’expérimentation pour l’ensemble – incluant la cocaïne – est passé de 10 % en 2017 à 15 % en 2023. Parmi tous les produits recensés par l’OFDT, ces produits illicites hors cannabis sont ceux qui ont connu la plus forte croissance en matière à la fois d’expérimentation (+ 50 %) et d’usage dans l’année (+ 70 %) depuis 2017 chez les adultes (fig. 1).
À l’exception de l’héroïne, tous les indicateurs témoignent d’une augmentation de l’offre de drogues illicites en raison d’une production mondiale en forte croissance. Cette offre croissante s’accompagne d’une concentration accrue en principe actif et d’une diversification des produits. Depuis 2008, 450 NPS (nouveaux produits de synthèse) ont été répertoriés en France, dont 17 en 2023. Des pratiques en lien avec ces produits, notamment le « chemsex », sont en plein essor.