Après une mission en forêt guyanaise, un militaire consulte pour une morsure nocturne, indolore et hémorragique (fig. 1 et 2). L’examen clinique révèle l’aspect typique d’une morsure de chauve-souris. Le patient est orienté vers un centre antirabique afin de réaliser le protocole de sérovaccination contre la rage en prophylaxie post-exposition. Par ailleurs, un traitement par doxycycline deux fois par jour pendant sept jours a été introduit, en prophylaxie d’autres infections.

Il existe trois espèces de chauves-souris dites « vampires », qui sont les seules hématophages et qui sont présentes en Amérique centrale et du sud. Les morsures de ces espèces sont indolores et hémorragiques en raison d’agents anesthésiants et anticoagulants contenus dans leur salive. Les autres espèces insectivores vivant en France métropolitaine ne mordent qu’en cas de danger ; leurs morsures de très petite taille peuvent passer inaperçues.1

La rage des chiroptères, seule cause de rage endémique en France, est une zoonose émergente en Europe.2 Un cas humain a été diagnostiqué en 2008 en Guyane, mais aucun sur le territoire métropolitain. Cependant, des chauve-souris porteuses du virus ont été identifiées sur l’ensemble du territoire métropolitain. La rage est due à plusieurs virus de la famille des Rhabdoviridae, genre Lyssavirus. Il s’agit d’un virus neurotrope, fragile dans le milieu extérieur, qui se transmet par morsure, griffure ou léchage par un animal infecté qui l’excrète par la salive. Sa durée moyenne d’incubation est de 20 à 60 jours. Il est responsable d’encéphalite, systématiquement mortelle si le traitement n’est pas instauré avant le début des symptômes.

Le traitement d’une morsure de chauve-souris est le même quelles que soient l’espèce et la localisation, en outre-mer ou en métropole : un lavage soigneux au savon et une sérovaccination antirabique sont recommandés dès que possible.3 La vaccination s’effectue en centre antirabique. Les vaccins sont administrés par voie intradermique (hors AMM en France) ou par voie intramusculaire. Les deux protocoles comprennent cinq et quatre injections respectivement sur quatre et trois semaines. Les immunoglobulines spécifiques sont données en cas de risque élevé, notamment en cas de morsure par une chauve-souris ou un animal en zone d’endémie rabique. Ces mesures sont très efficaces pour prévenir la rage.

Par ailleurs, il convient de vérifier la vaccination antitétanique. Enfin, une morsure de chauve-souris doit faire initier un traitement antibiotique pour prévenir toute autre infection transmise par les chiroptères.4

Références
1. Deshaies D. Contacts avec des chauves-souris quand faut-il offrir la prophylaxie postexposition contre la rage ? Le Médecin du Québec 2002;37(7):93-6.
2. Delbos V, Abgueguen P, Chennebault JM, et al. Un nouveau cas de rage chez les chauves-souris en France. Rev Med Interne 2006;27:575-7.
3. Lam L, Scemama O, Rumeau-Pichon C. Vaccination contre la rage en prophylaxie post-exposition en France. HAS;2018:8-16.
4. Boillat N, Frochaux V. Morsures d’animaux et risque infectieux. Rev Med Suisse 2008;4:2149-55.

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