Il existe deux espèces de chauves-souris dites « vampires », qui sont les seules hématophages, présentes en Amérique centrale et du sud. Les morsures de ces espèces sont indolores et hémorragiques en raison d’agents anesthésiants et anticoagulants contenus dans leur salive. Les autres espèces insectivores vivant en France métropolitaine ne mordent qu’en cas de danger ; leurs morsures, de très petite taille, peuvent passer inaperçues.1
La rage des chiroptères, seule cause de rage endémique en France, est une zoonose émergente en Europe.2 Trois nouveaux cas ont été confirmés en 2024 chez des orpailleurs mordus par des chauves-souris hématophages en Guyane ; aucun n’a été constaté sur le territoire hexagonal, bien que des chauves-souris porteuses du virus y aient été identifiées sur son ensemble. La rage est due à plusieurs virus de la famille des Rhabdoviridae, genre Lyssavirus. Il s’agit de virus neurotropes, fragiles dans le milieu extérieur, qui se transmettent par morsure, griffure ou léchage de la peau lésée par un animal infecté, qui l’excrète par la salive. La durée moyenne d’incubation est de vingt à soixante jours. Ces virus sont responsables d’encéphalite, systématiquement mortelle si le traitement n’est pas instauré avant le début des symptômes.
La conduite à tenir (administration d’immunoglobulines et vaccination, vaccination seule ou simple surveillance) après morsure de chauve-souris se fait au cas par cas en fonction des informations recueillies et de la situation (espèce de l’animal, grade de l’exposition, possibilité de surveillance...). En Guyane, les morsures de chauves-souris sont d’emblée considérées comme des expositions de grade III non surveillables et justifient systématiquement une sérovaccination (immunoglobulines et vaccination antirabique).
La vaccination s’effectue en centre antirabique. Les vaccins sont administrés par voie intradermique (hors AMM en France) ou par voie intramusculaire. Des protocoles vaccinaux plus courts que ceux historiquement décrits sont désormais appliqués. La vaccination post-exposition par voie intramusculaire peut se faire selon le protocole Essen réduit (une injection à J0, J3, J7, puis entre J14 et J28) ou selon le protocole traditionnel Zagreb (deux injections à J0, puis une injection à J7 et à J21).
Les morsures de chauves-souris, même de grade III, ne s’infectent que très rarement et ne justifient donc pas d’antibioprophylaxie. En cas de morsure par un autre animal, l’association amoxicilline-acide clavulanique est l’antibiotique recommandé, ne réservant la doxycycline qu’en cas d’allergie ou de contre-indication.