Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français vient de publier un consensus d’experts concernant la prévention et la prise en charge de la mort fœtale. Qu’en retenir pour la pratique en médecine générale ?

La mort fœtale est définie par l’arrêt spontané de l’activité cardiaque à partir de 14 semaines d’aménorrhée (SA).

En France, la prévalence de celles survenues après 22 SA est comprise entre 3,2 et 4,4 / 1 000 naissances ; il n’est pas possible actuellement de fournir des taux de mort fœtale dès 14 SA puisque les enquêtes nationales périnatales définissent la mort fœtale comme un arrêt de grossesse après 22 SA. De façon générale, l’épidémiologie de celles survenues entre 14 SA et 20 SA (prévalence et facteurs de risque) reste peu documentée.

Certains facteurs de risque ont été identifiés dans des études qui sont toutefois très hétérogènes et n’apportent pas de données sur des sous-groupes particuliers (par ex : morts fœtales inexpliquées) : âge maternel avancé, obésité maternelle, faible niveau socioéconomique, antécédents de morts fœtale, troubles tensionnels… Toutefois, les experts du CNGOF soulignent que le choix des facteurs de risque décrits reste subjectif et varie d’une société savante à une autre.

Prévention

La vaccination antigrippale et anti-Covid est préconisée par le CNGOF en prévention de la mort fœtale.

En revanche, d’autres mesures n’ont pas fait leurs preuves : repos ; prescription d’aspirine en population générale (hors antécédent de mort fœtale d’origine vasculaire) ; supplémentation en micronutriments, vitamine D ou A (l’excès d’apport de cette dernière est, de plus, tératogène, et sa carence très rare). Il n’est pas recommandé de prescrire ces supplémentations dans le seul but de prévenir la mort fœtale.

Les données sur la position d’endormissement sont insuffisantes pour émettre une recommandation à cet égard.

Enfin, la pratique d’une activité physique est recommandée devant l’absence d’association démontrée avec le risque de mort fœtale et en raison de ses effets bénéfiques reconnus pendant la grossesse.

Concernant les mouvements actifs fœtaux : les experts recommandent de ne pas encourager les femmes à réaliser un compte de ces mouvements dans une visée de réduction du risque de mort fœtale. Ils proposent toutefois de considérer la perception maternelle de diminution de ces mouvements comme un point d’appel nécessitant une évaluation (vérification de la présence d’activité cardiaque, recherche d’une situation à risque, notamment retard de croissance in utero et anémie fœtale…) et orienter le cas échéant.

Au décours d’une mort fœtale

Le CNGOF recommande :

  • d’informer les parents de l’intérêt des examens étiologiques, en particulier l’examen fœtopathologique ;
  • d’organiser un ou plusieurs entretiens pour les informer également sur les démarches administratives, le devenir du corps et leurs droits sociaux, et recueillir leurs souhaits ;
  • de proposer systématiquement un soutien psychologique, tant pour la mère que pour le co-parent, après la mort fœtale mais aussi pour les grossesses suivantes ;
  • de ne pas préconiser un délai optimal avant d’initier une nouvelle grossesse du seul fait de l’antécédent de mort fœtale ni dans le but d’atténuer l’impact psychique. Le délai est celui qui conviendra aux parents.

Enfin, en cas d’antécédent de mort fœtale, le suivi de la grossesse ultérieure sera initié par un gynécologue-obstétricien : les modalités et la fréquence de la surveillance dépendront du contexte et de la cause de la mort fœtale. La surveillance par enregistrement du rythme cardiaque fœtal n’est pas indiquée du seul fait de l’antécédent de mort fœtale.

Pour en savoir plus
Garabedian C, Siniude J, Anselem O, et al. Mort fœtale : consensus formalisé d’experts du Collège national des gynécologues et obstétriciens français. Gyn Obst Fertil Sénol 2024;52(10):549-611.

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