L’ANSM vient d’ouvrir aux médecins généralistes la possibilité de primoprescrire les trois analogues du GLP- 1 indiqués dans l’obésité. Indications, contre-indications, schémas de titration, effets indésirables… On vous dit tout ce qu’il faut savoir pour les prescrire en pratique.

Quels médicaments ?

Trois spécialités à base d’aGLP- 1 ont actuellement l’AMM dans la prise en charge de l’obésité : Wegovy (sémaglutide), Mounjaro (tirzépatide) et Saxenda (liraglutide).

Depuis le 23 juin 2025, elles peuvent être primoprescrites par tout médecin, comme l’a annoncé le 20 juin l’ANSM. Elle est ainsi revenue sur sa décision précédente d’en réserver la primoprescription aux médecins spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition, justifiant cet élargissement par la nécessité d’améliorer l’accès équitable à ces traitements – les délais pour consulter de tels spécialistes étant parfois très importants et inégaux selon les territoires.

Indications et contre-indications

Ces médicaments ont l’AMM pour le traitement de l’obésité uniquement en deuxième intention, en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle, et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique.

Chez l’adulte, ils sont indiqués pour les personnes :

  • ayant un IMC ≥ 30 kg/m2 (obésité) ;
  • ou un IMC ≥ 27 kg/m2 et < 30 kg/m2 (surpoids) avec au moins une comorbidité liée au poids : par exemple, HTA, dyslipidémie, syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil, maladie cardiovasculaire, prédiabète ou diabète de type 2.

Chez l’adolescent à partir de 12 ans, Saxenda et Wegovy peuvent être utilisés en complément des mesures hygiénodiététiques dans les cas d’obésité avec un poids supérieur à 60 kg, mais doivent être arrêtés si, après 3 mois de traitement, les patients n’ont pas perdu au moins 4 % ou 5 % de leur IMC (respectivement pour Saxenda et Wegovy).

Les contre-indications et précautions d’emploi de chacun de ces médicaments sont listées dans le tableau 1 ci-contre.

Les indications de remboursement proposées par la HAS sont plus restreintes (IMC ≥ 35 kg/m²) que celles des AMM, et pour le moment aucun n’est encore remboursé ni agréé aux collectivités.

Enfin, l’ANSM a rappelé que ces médicaments ne doivent pas être utilisés pour la perte de poids à des fins esthétiques, ce qui peut entraîner des effets indésirables parfois graves.

En pratique, comment initier le traitement ?

À l’initiation du traitement, une titration est recommandée pour limiter les effets indésirables digestifs. Le tableau 2 ci-contre présente les schémas d’augmentation progressive des doses pour chacune des molécules. 

Ces médicaments doivent être administrés par injection sous-cutanée dans l’abdomen, la cuisse ou le haut du bras (les voies IV et IM ne sont pas autorisées).

La dose peut être administrée à toute heure de la journée, au moment ou en dehors des repas.

Il est recommandé d’alterner les sites d’injection à chaque administration. 

L’objectif à 12 semaines est une perte d’au moins 5 % du poids initial ; dans le cas contraire, le traitement est arrêté.

Principaux effet indésirables et risques

Les principaux EI et risques comprennent :

  • EI gastro-intestinaux : vomissements, diarrhées, constipation, nausées, douleurs abdominales (très fréquents), et risque déshydratation liée à ces effets ; mais aussi : reflux gastro-œsophagien, dyspepsie, éructation, flatulence, distension abdominale (fréquents), ou encore pancréatite aiguë, cholécystite (peu fréquents) ;
  • chez les patients atteints de diabète de type 2 : hypoglycémie en cas d’utilisation concomitante d’un sulfamide hypoglycémiant ou d’insuline ; rétinopathie diabétique ;
  • fatigue, perte de cheveux.

Par ailleurs, le risque d’aspiration pulmonaire doit être pris en considération avant la réalisation de procédures impliquant une anesthésie générale ou une sédation profonde. 

Enfin, s’il n’y a pas, à ce jour, de nouveau signal de sécurité sur ces médicaments, plusieurs signaux déjà connus sont en cours d’investigation au niveau national et européen, notamment la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIAN) – effet indésirable très rare nécessitant l’arrêt du traitement – et les grossesses non planifiées chez des femmes sous contraception (données sur des cas signalés à l’étranger surveillées par l’ANSM et l’EMA).

Attention : toute prescription des aGLP- 1 dans l’obésité doit se faire dans le cadre d’une prise en charge globale avec un changement durable des comportements (alimentation, activité physique…).

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