En France, la HAS recommande depuis juillet 2024 la vaccination contre le virus respiratoire syncitial (VRS) pour les personnes de 75 ans et plus et celles de 65 ans et plus ayant des pathologies respiratoires ou cardiaques chroniques. Deux vaccins (Arexvy et Abrysvo) ont obtenu l’AMM pour cette population.
Pour Abrysvo, le feu vert des autorités de santé repose sur une étude internationale de phase III randomisée, contrôlée contre placebo, menée chez environ 34 000 adultes de plus de 60 ans dans 7 pays de l’hémisphère nord et sud. Dans cet essai (Renoir), le vaccin bivalent RSVpreF (basé sur la protéine de pré-fusion F du virus respiratoire syncytial) a montré une efficacité de 86 % dans la prévention des maladies des voies respiratoires inférieures associées au VRS avec au moins trois symptômes, durant une saison de circulation du VRS, plus précisément entre le 31 août 2021 et le 8 juillet 2022.
Dans une nouvelle étude parue dans le NEJM , les auteurs ont analysé l’efficacité du vaccin durant une deuxième saison de VRS, dans les hémisphères nord et sud, dans le but d’évaluer la durée de la protection conférée par une injection de vaccin. Un modèle de régression post-hoc n’a pas montré de différence d’efficacité du vaccin entre la première et la deuxième saison ; ainsi, l’efficacité vaccinale a été regroupée pour analyse sur les deux saisons. Le suivi a été effectué entre le 12 juillet 2022 et le 6 novembre 2023 ; la durée moyenne totale de surveillance depuis la vaccination jusqu’à l’analyse en fin de deuxième saison était de 16,4 mois.
Vacciner tous les deux ans ?
Le vaccin RSVpreF a maintenu son efficacité contre les maladies des voies respiratoires inférieures liées au VRS avec au moins trois symptômes durant la 2e saison – avec une efficacité vaccinale estimée à 77,8 % (IC95 % : 51,4 à 91,1) – et pendant les deux saisons, avec une efficacité de 81,5 % (IC95 % : 63,3 à 91,6). L’efficacité était bonne contre les deux sous-groupes antigéniques circulants (RSV A et RSV B) : respectivement 80,6 % (IC95 % : 52,9 à 93,4) et 86,4 % (IC95 % : 54,6 à 97,4) au cours des deux saisons épidémiques.
Cependant, comme observé lors de la première saison, le vaccin était moins performant vis-à-vis des maladies moins graves (patients avec au moins deux symptômes) au cours de la 2esaison.
De même, l’efficacité observée sur les deux saisons était plus élevée contre les formes avec au moins trois symptômes chez les participants de 60 à 69 ans (81,6 %) et ceux de 70 à 79 ans (72,7 %) que contre les maladies avec au moins deux symptômes (57,5 % et 62,5 % respectivement). Enfin, la protection contre les formes très symptomatiques serait de 100 % chez les plus de 80 ans, bien que le faible nombre de cas et les intervalles de confiance larges limitent l’interprétation des données.
Ces résultats suggèrent qu’une dose de vaccin devrait protéger les seniors vis-à-vis des infections à VRS les plus symptomatiques pendant au moins deux saisons épidémiques. Ainsi, une vaccination tous les 2 ans pourrait suffire. Il est cependant dommage de ne pas avoir collecté, dans cette étude, les données sur les hospitalisations.
À lire aussi : Martin Agudelo L. Vaccination contre le VRS des seniors : premières données de vie réelle ! Rev PRat (en ligne), 21 octobre 2024.